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Johan van der Keuken (1)
Voir regarder filmer

Le cinéaste, photographe et auteur Johan van der Keuken (1938-2001) commence à photographier dès son enfance. Dans les années 1950, il publie ses premiers livres photos : Wij zijn 17 et Achter glas. À 18 ans, Van der Keuken déménage à Paris pour suivre les cours de cinéma de l’IDHEC. Il y découvre, malgré un enseignement « systématique », une véritable passion pour le cinéma. Cette période d’apprentissage a pour conséquence qu’il met de côté la photographie. 

Cette rétrospective a pour titre Voir regarder filmer, qui est aussi le titre d’un livre paru en 1980, une compilation de textes de Van der Keuken sur le cinéma. Ce n’est pas un hasard si ces trois verbes qui se complètent définissent au mieux sa pratique du cinéma. Voir est une forme d’observation, un intérêt pour le monde. Regarder est une action, vous choisissez ce que vous regardez et ce sur quoi vous portez toute votre attention. Enfin, filmer est une combinaison des deux. Van der Keuken, qui a toujours considéré la caméra comme une prolongation de son corps, s’est toujours opposé à l’idée que les cinéastes se trouvent à l’extérieur du monde qu’ils tentent de représenter. Le cinéaste se trouve dans le monde, regarde au travers d’une lentille qui donne un cadre à la réalité. Il gardait toujours son œil gauche grand ouvert sur le monde alentour, tandis que son œil droit était collé au viseur de la caméra. L’œuvre de Van der Keuken tient tout entière à l’aventure de ce regard. Il a parcouru le monde en compagnie de son épouse Nosh van der Lely, qui s’occupait de la prise de son. 

Johan van der Keuken, Beppie (set, 1965)  © Eddy Posthuma de Boer

Un quatrième verbe aurait pu être ajouté au titre : monter. D’après Van der Keuken, un cinéaste documentaire ne peut jamais prétendre rendre la vérité. « Pour moi, c’est le matériau film qui vient en première place : une projection de lumière sur un écran. Et ce qui ressort de ce bombardement de lumière sur l’écran est toujours de la fiction. » En d’autres termes, un film, même si c’est un documentaire, est toujours construit et monté. Van der Keuken a décrit son approche collagiste du montage comme cubiste. Le montage ne doit pas offrir un seul point de vue, mais une multitude de perspectives à travers lesquelles notre réalité peut être éventuellement décrite.

Aux mois d’octobre et de novembre, Sabzian et CINEMATEK mettent au programme la première partie de cette rétrospective intégrale qui sera présentée de manière chronologique. Cette première partie comprend les premiers travaux de Van der Keuken, ses premiers essais en vue de développer un langage visuel personnel : portraits de villes d’Amsterdam et de Paris, ses portraits d’amis artistes et de personnes remarquables de son entourage à Amsterdam, un premier film sur le poète néerlandais Bert Schierbeek et enfin les films issus de ses préoccupations sociales. De cette période datent également ses courts métrages célèbres sur des enfants aveugles. En collaboration avec Remco Campert, Van der Keuken a également expérimenté des formes plus traditionnelles du cinéma de fiction, dans lesquelles son attention particulière pour le cadrage et la composition se distingue.

La deuxième partie de la rétrospective, qui débutera au mois de décembre, sera consacrée à la suite de son œuvre plus étendue, avec entre autres l’extraordinaire trilogie Nord-Sud, le colossal Amsterdam Global Village et son film testamentaire Les Grandes Vacances. Van der Keuken a également écrit de nombreux textes brillants sur le cinéma, une activité par laquelle il tentait de donner forme à sa pratique. « J’avais parfois besoin d’écrire, parce que quelque chose vivait en moi, flottait devant mes yeux, que je voulais saisir. Des formules hermétiques ou des balbutiements intuitifs, des épanchements spéculatifs ou encore des règles strictes pour le monde » Tout au long de la rétrospective, Sabzian publiera une large sélection de ses textes.

Gerard-Jan Claes, Nina de Vroome et Tillo Huygelen



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Vendredi 18.10 19:00 LEDOUX Cart

Les Vacances du cinéaste, à la fois film de vacances et manifeste des partis pris poétiques du cinéaste, est un film que Van der Keuken a souvent montré en association avec Le Temps, « parce qu’il me semble qu’ils abordent en partie la même chose : la famille (en ce compris la famille non-génétique que chacun choisit au cours de sa vie), la corrélation du passé et du présent, et quelque chose que j’appelle l’émotion photographique ».

Suivi d'une conservation avec Nosh van der Lely, veuve et collaboratrice de Johan van der Keuken et Pieter van Huystee, producteur de son œuvre de 1993 à sa disparition en 2001.

 + INVITÉ 

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Mercredi 23.10 21:00 LEDOUX Cart

Au cours de ses études de cinéma à Paris, Van der Keuken a tourné en compagnie de ses amis d’école James Blue et Derry Hall un court portrait de la ville intitulé Paris à l’aube. Une fois rentré à Amsterdam, il met en images la ville et ses habitants chaque fois de manière différente. Cette compilation de courts métrages présente une sélection de ces premiers films, tous situés dans sa ville natale qu’il a tant aimée. 

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Dimanche 27.10 17:00 LEDOUX Cart

Cette compilation de courts métrages de ses débuts, nous donne à voir Amsterdam et ses habitants, comme Beppie, 10 ans, l’espiègle petite voisine, portraiturée dans Beppie. Dans Les Jolies Filles, des jeunes femmes marchent dans les rues d’Amsterdam. Vier muren est une critique poétique des instances dirigeantes en matière de gestion de la crise du logement qui sévit à Amsterdam. Dans Un moment de silence, la ville est envahie par un sentiment de paix le jour d’une commémoration.

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Lundi 28.10 21:00 LEDOUX Cart

Le poète écrivain et essayiste néerlandais Remco Campert a écrit le scénario de plusieurs films de fiction des débuts de Van der Keuken. Cette compilation de courts métrages reprend Een zondag, qui traite d’un amour paisible ; De oude dame, d’un garçon et d’une femme qui vivent ensemble pendant la Seconde Guerre mondiale ; et enfin Indische Jongen, dans lequel un garçon est dans l’attente de son enrôlement dans le service militaire.

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Mercredi 30.10 19:00 LEDOUX Cart

Dans les années 1960 et 1970, Van der Keuken a filmé un certain nombre de portraits d’artistes dans lesquels la rébellion de l’artiste se reflète dans la forme même du film. Dans Opland nous faisons connaissance avec le cartooniste Opland ; Tajiri est un portrait du sculpteur Shinkichi Tajiri ; Yrrah suit le cartooniste du même nom. Dans Big Ben le saxophoniste Ben Webster loge à Amsterdam chez une propriétaire maternante au possible. Bert Schierbeek est un film à propos de la perte, de la poésie et de l’amour. 

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Samedi 02.11 17:00 LEDOUX Cart

Beppie et Les vacances du cinéaste sont deux films clés dans les débuts de Johan van der Keuken. Beppie est un portrait de la petite voisine de 10 ans de Van der keuken. Elle représente la vie d’une amstellodamoise issue d’une famille moyenne qui à peine à subvenir à ses propres moyens. Dans Les vacances du cinéaste, Van der Keuken associe des matériaux composites comme des souvenirs, des images de vacances et des poèmes pour livrer une réflexion sur la tension entre cinéma et photographie, entre vie et mort. 

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Mercredi 06.11 19:00 LEDOUX Cart

En 1964, Johan van der Keuken réalise un film dans un institut pour personnes aveugles, où les enfants pratiquent du sport, lisent en braille et apprennent à se familiariser avec un chien guide. Ensuite, l’enfant aveugle prend progressivement ses marques en dehors de l’institut, où il se confronte au monde, ou participe à une compétition de course à pied. Un des enfants de l’institut devient deux ans plus tard la figure centrale de Blind Kind 2. Herman Slobbe est désormais un adolescent qui fait son bout de chemin à contre-courant d’un monde en perpétuelle évolution. 

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Dimanche 10.11 17:00 LEDOUX Cart

Dans De poes, van der Keuken prend un chat comme sujet d’étude satirique sur la forme. Même chose dans d’autres films qui montrent combien engagement politique et forme vont de pair. Het leesplankje montre comment des enfants apprennent à lire à l’aide d’une « planche de lecture » qui associe des mots à des images idylliques, tandis que le monde est en feu. Vier muren est une critique du gouvernement dans sa gestion de la crise du logement et dans De snelheid 40-70,des bombardiers prennent la forme de petites boîtes d’allumettes.

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Mardi 12.11 21:30 LEDOUX Cart

Une compilation de courts métrages qui réunit un documentaire, un film de fiction et un petit spot réalisé pour la télévision. De tijd geest est un documentaire qui brosse le portrait de la jeunesse en 1968. Beauty (de schoonheid) est un court métrage de fiction autour d’un détective et de ses aventures qui racontent bien plus sur la réalité que la petite histoire qui nous est contée. Speelgoed est un spot TV anti-missiles.