Né à Bruxelles en 1942, Picha se fait très vite un nom dans la caricature de presse, en Belgique comme à l’étranger, grâce à un trait de crayon mordant et irrévérencieux et des dessins caustiques, corrosifs mais sans méchanceté gratuite. Il travaille pour de nombreuses gazettes et revues satiriques comme La Libre Belgique, Pan, Hara-Kiri, et les deux publications américaines citées en préambule. En 1972, il réalise, en collaboration avec Benoît Lamy, un documentaire sur la caricature de presse au début des années 1970 intitulé Cartoon Circus, dont de nombreuses séquences sont tournées dans les bureaux d’Hara-Kiri, où travaillent de nombreux caricaturistes qui feront plus tard partie de l’équipe de Charlie Hebdo.

En 1975, Picha se lance dans le dessin animé, et réalise, en collaboration avec Boris Szulzinger, un long métrage qui reste aujourd’hui encore comme un film culte du genre : Tarzoon, la honte de la jungle, dans lequel il égratigne la virilité du mythe de Tarzan au travers d’un piètre clone et de son chimpanzé porté sur l’onanisme, dont les aventures érotico-burlesques les mènent à combattre une reine à 14 seins et son armée de zombites. Un premier essai dont le succès retentissant tient à l’émergence début des années 1970 de films d’animation destinés aux adultes, produits dans la lignée de l’immense succès que fut Fritz le Chat. Fort de ce succès, Picha réalise, sur un ton voisin, une fable parodique sur la théorie de l’évolution de Darwin : Le Chaînon manquant, projet qui n’a pas suffi à convaincre des spectateur·rice·s choqué·e·s par le parti pris libertaire, vulgaire, voire obscène de cette relecture décapante de l’évolution que la critique a quant à elle littéralement torpillée. Pour son film suivant, Le Big Bang, présenté comme « le point final d’une trilogie », Picha retrouve Boris Szulzinger qui prend en charge la production de ce film-bilan des années 1980, entre guerre froide et guerre des sexes.

En dehors de ses collaborations avec Picha, Boris Szulzinger a réalisé deux films d’un tout autre genre. Les Tueurs fous qui date de 1972, s’inscrit dans la lignée des polars sanglants et raconte l’odyssée meurtrière de deux jeunes marginaux qui, pour tromper l’ennui, s’arment d’une carabine et tirent sans motif sur tous celleux qui croisent leur chemin. En 1980, le réalisateur invoque le mythe de Dracula dans une comédie horrifique, Mama Dracula, dans laquelle Maria Schneider est tenancière d’une boutique de vêtements, et vampirise des jeunes vierges avec l’aide de ses deux fils jumeaux afin de préserver sa beauté et son jeune âge. Le Big Bang marque un arrêt dans la carrière des deux hommes. Il faudra attendre 20 ans pour que Picha réalise un nouveau (et dernier) film, Blanche-Neige, la suite, qui commence là où le conte de fée s’achève. CINEMATEK a tout récemment restauré les quatre films de Picha ainsi que les deux films de Boris Szulzinger, et vous invite à les (re)découvrir dans le cadre du festival Offscreen.

La restauration de ces films a été soutenue et financée par

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