Septembre : Nocturnal Obssessions

Maidens of Fetish Street est l’unique réalisation de Saul Resnick, un touche-à-tout travaillant sur divers films d’exploitation américains fauchés et bizarres des années 1960. Son film est une perle de la sexploitation, mélangeant Mondo (faux documentaire racoleur), approche expérimentale (Resnick est avant tout un technicien lié de l’image) et les inévitables séquences de striptease et autres scènes érotiques. Quintescence de la sexploitation où la ville, filmée la nuit, (Los Angeles ici) devient un labyrinthe de vices et de dépravations, où des personnages « amoraux » vivent leurs fantasmes et leurs obsessions sous l’oeil voyeur mais moralisateur de la caméra. Comme dans beaucoup de Sexploitation et de Mondo, la voix off du narrateur permet de dédouaner le spectateur moralement et de lui donner du recul sur les scènes de débauches qu’il regarde pourtant complaisamment.

 Dans Bilbao, la voix off est celle du protagoniste et elle devient la passerelle pour faire entrer le spectateur dans sa psyché. Nous retrouvons tous les ingrédients du film précédent mais nous sommes ici dans une approche purement latine, loin du puritanisme américain. L’obsession du héros pour la stripteaseuse Bilbao et ses errements nocturnes sont vécus au premier degré et nous plongent dans une zone grise assez perturbante. Tout comme dans Caniche ou Angoisse, Bigas Luna nous livre une expérience traumatisante et fascinante qui rappelle fortement les pulsions morbides et érotiques du giallo…
 

Novembre : Dracula Made in Hammer

En 1958 sort Le Cauchemar de Dra-cula, un des films les plus emblématiques de la Hammer, érigeant Christopher Lee en star de l’Horreur. Le paris de remettre au gôut du jour les classiques de l’Horreur issus de la Universal des années 1930 est ici un succès fracassant. Le film parvient à remplacer l’éternel Bela Lugosi par une nouvelle icône fiévreuse et impactante, sublimée par l’apport de la couleur qui fait ressortir le rouge du sang ! Terence Fisher, déjà responsable de la résurrection du mythe de Frankenstein avec Frankenstein s’est échappé l’année précédente, devient le réalisateur star de l’âge d’or de la célèbre compagnie de production anglaise ! Le succès est tel que le studio va en faire une franchise de neuf films tournés sur 16 années. 

Terence Fisher quitte le navire au bout du troisième film tandis que Christopher Lee prend ses distances avec le personnage qu’il veut à tout prix quitter, étant enfermé dans ce rôle qui devient une véritable prison pour lui. Bien plus tard, il trouvera la délivrance avec le personnage de Saroumane dans Le Seigneur des anneaux qui éclipsera son Dracula. Véritable manne financière de la Hammer, Dracula aura du mal à résister au ravage du temps. Il essaie de s’acclimater à son époque avec le kitchissime Dracula 73 ainsi qu’avec le dernier opus de la série La Légende des sept vampires d’or qui est co-produit avec la Shaw Brothers et surfe sur la mode des films d’Arts Martiaux.

Octobre : Yuppie Nightmares from the 1980s

Le terme yuppies ou Young Urban Professionals, inévitablement lié à l’Amérique des années 1980, fait référence à de jeunes hommes et femmes très instruits, qui exercent un métier particulièrement bien rémunéré dans le monde de l’entreprise à l’époque de la Reaganomie (politique financière ultra-libérale mise en place par Ronald Reagan). Ce petit pourcentage de la population active investit en fonction de son statut élitiste, et provoque par conséquent une vague de gentrification dans les grandes villes. Représentés dans des thrillers tels que Wall Street ou dans des comédies légères telles que Le Secret de mon succès, on retrouve régulièrement ces cols blancs montés, riches et arrogants, punis de leur suffisance lorsqu’il se retrouvent malencontreusement dans un quartier pauvre de la ville ou en compagnie de personnes qu’ils auraient préféré ne pas croiser. La yuppie nightmare comedy, dont Into the Night de John Landis, Recherche Susan désespérément de Susan Seidelman, Fatal Attraction d’Adrian Lyne sont des exemples types du genre, au même titre que le double bill de ce programme B-Z composé de After Hours de Martin Scorsese et Something Wild de Jonathan Demme. La yuppie nightmare comedy combine des éléments de deux genres très distincts : la screwball comedy et le film noir. Les deux genres sont caractérisés par un recours à une intrigue complexe, alambiquée, et, tant dans le film de Scorsese que dans celui de Jonathan Demme, les personnages masculins sont entraînés dans une suite d’événements chaotiques, confrontés à l’absurde et placés dans des situations précaires, par des femmes insubordonnées (et l’espoir d’une partie de jambes en l’air), héroïnes loufoques du screwball ou femmes fatales du film noir, l’idée étant de mettre à mal voire de dynamiter le face patriarcale de l’Amérique des années 1980.

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