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Juin & Août: ROADRUNNERS

Ford Mustang, Chevrolet Camaro, Pontiac Trans-Am, Dodge Challenger, Plymouth Roadrunner, Ford Gran Torino, Lincoln Continental Mark III… sont tous des bolides ronflants de l’industrie automobile américaine. Également appelées « Muscle Cars » pour leurs mécaniques surdimensionnées, elles traversent les vastes paysages américains, sillonnant les autoroutes d’État en État. Ces voitures sont toutes devenues emblématiques notamment grâce au road movie, genre extrêmement populaire dans les drive-in dès la fin des années 1960.

La naissance du road-movie est intrinsèquement liée au cinéma américain, et également à l’usage croissant de l’automobile dans la seconde moitié du 20e siècle. Dans les années 1970, le road-movie est devenu un genre de plus en plus important, remplaçant idéal au western traditionnel qui n’avait plus la cote, mais avec lequel il partageait le mythe de la Frontière qui est à l’origine de la fondation des États-Unis, des côtes Atlantiques jusqu’aux confins du Far West et de la civilisation. Soit une vaste terre ouverte à toutes les possibilités. Le road-movie propose généralement aussi une approche métaphysique basée sur l’évocation de thèmes tels que la rébellion, l’évasion, l’(auto)découverte, le changement… des thèmes qui convenaient parfaitement à une génération qui se reconnaissait davantage dans la contre-culture. Les protagonistes sont généralement masculins, ils fonctionnent seuls ou par paire – ils s’appellent alors buddies (copains) –, qui se rebellent contre les normes sociales trop conservatrices. Des histoires qui se déclinent pour l’essentiel sur deux scénarios possibles : celui de la quête de soi par le biais du voyage, et celui de la course poursuite engagée avec des hors-la-loi. La Dodge Challenger 1970 blanc alpin est et restera la voiture de Point limite zéro, parce qu’immortalisée dans l’imaginaire collectif par ce film mythique de Richard C. Sarafian. Un road-trip sans escales à travers le Colorado et la Californie entrepris par un antihéros, donne lieu à des séquences d’action débridées, et des cascades spectaculaires, dans la traduction de Bullitt avec Steve McQueen. L’intérêt du film de Sarafian est qu’il délaisse l’approche machiste généralement de mise, pour une teneur beaucoup plus sobre et désespérée qui traduit le désarroi de la génération post-soixante-huitarde symbolisée par un homme motivé par un besoin inexplicable de continuer, de poursuivre. On retrouve une approche tout aussi existentielle dans l’épopée Two Lane Black Top, road-movie cultissime de Monte Hellman, qui sortit sur les écrans la même année. Tandis qu’ils empruntent la Route 66 en direction de l’Est dans leur Chevy 55 trafiquée, The Driver (L’auteur-compositeur James Taylor) et The Mecanic (Dennis Wilson des Beach Boys) entreprennent une folle course poursuite avec le pilote fanfaron d’une voiture de sport Grand Touring (Warren Oates, sensationnel), tandis qu’ils se disputent l’affection d’une belle autostoppeuse (Laurie Bird) qui les accompagne sur toute la longueur du trajet. Hellman revient aux essentiels du road movie en proposant une représentation « grand-écran », épurée et presque abstraite, pour rendre l’étendue infinie du paysage comme s’il s’agissait d’un purgatoire d’ennui et de perpétuels déplacements au sein d’une nation qui commence à remettre en question sa propre identité tandis qu’elle aborde les années Vietnam.

Optant pour un tout autre ton, Chewing Gum Rallye, qui date de 1976, est considéré comme le parrain d’une série de films, comiques ou non, qui s’abreuvent de courses tout-terrains illégales. Une poignée de films dans laquelle on retrouve par exemple l’énorme succès de Burt Reynolds Cours après moi shérif, La Course à la mort de l’an 2000 de Roger Corman, ou encore L’Équipée du Cannonball. Milieu des années 1970, l’adoption par le gouvernement américain d’une limitation nationale de vitesse à 55 mph, et le tollé que cette loi a provoqué auprès des citoyens qui estimaient que cette nouvelle règlementation constituait une violation des droits individuels, ont inspirés les studios hollywoodiens ainsi que les réalisateurs de films d’exploitation. Le cinéaste Chuck Bail, ancien cascadeur et chorégraphe des cascades pour de nombreux films classiques, donne le ton avec Chewing Gum Rallye, une série B qui s’appuie essentiellement sur des scènes d’action terriblement réalistes et spectaculaires, où l’on frôle à chaque fois le désastre, et des personnages sans grand relief mais hauts-en-couleurs, interprétés entre autres par Raul Julia, Michael Sarrazin et Gary Busey. Le ton du film est celui de la comédie burlesque, avec pour résultat l’impression d’un succulent dessin animé Looney Tunes. Enfin, en guise de quatrième et dernier film, le très original La Grande Casse, qui s’impose comme une véritable orgie de carambolages et de poursuites à grande vitesse, et reste comme l’un des projets les plus passionnés de l’histoire du cinéma. H.B. « Toby » Halicki, propriétaire d’une entreprise de ferraille et de démolition de voitures, réalise seul et sans aucune formation cinématographique un film d’action dont il est à la fois le réalisateur, le producteur et l’acteur principal. À peine un scénario, et encore. Il s’occupe également de la mise au point des cascades qu’il filme parfois dans l’illégalité la plus totale. Avec un budget dérisoire, un casting d’inconnus (principalement des hommes à cols roulés, à moustaches tombantes et favoris, bref, la tenue typique des années 1970), et une entrée en matière assez longue jusqu’aux 40 dernières minutes d’un final sans pauses. Le film de H.B. « Toby » Halicki détrône totalement le remake boursouflé de C.G.I. (Computer Generated Imagery) réalisé par Dominic Sena avec Nicolas Cage, de par son authenticité, son savoir-faire de franc-tireur artisan, et un plaisir de faire du cinéma présenté sans prétention et sans vergogne. Et oui, c’est H.B. Halicki lui-même qui est au volant de la Ford Mustang jaune qu’il fait plonger de plus de 10 mètres de haut et propulse à quelque 60 mètres, ce qui lui valut un solide tassement de vertèbres et de ne plus jamais marcher de la même manière.



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Vendredi 28.06 19:00 LEDOUX Cart

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Vanishing Point
  • Richard C. Sarafian, USA 1971 ⁄ Barry Newman, Victoria Medlin, Cleavon Little ⁄ couleur ⁄ 113' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

Barry Newman incarne Kowalski, dernier héros américain, qui va chercher à prouver qu’il peut rallier en voiture Denver à San Francisco en moins de 15 heures. En cours de route, il fait la connaissance d’un ancien chercheur d’or, d’une femme nue à moto, et d’un DJ aveugle qui prédit un grand danger.

Précédé d'une présentation bilingue.

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La Grande Casse
Gone in 60 Seconds
  • H.B. Halicki, USA 1974 ⁄ H.B. Halicki, Marion Busia, George Cole ⁄ couleur ⁄ 94' ⁄ ST: FR - NL

Détective à la solde des compagnies d’assurance, Maindrian Pace est également un voleur chevronné de voitures. Lorsqu’il vole une Ford Mustang 1973 nommée Eleonor, la police se met à ses trousses. Commence alors une course poursuite de quelques 40 minutes, pour une traversée de cinq Etats et la perte totale de pas moins de 93 véhicules.

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Vendredi 30.08 19:00 LEDOUX Cart

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Chewing Gum Rallye
The Gumball Rally
  • Chuck Bail, USA 1976 ⁄ Michael Sarrazin, Susan Flannery, Raul Julia ⁄ couleur ⁄ 103' ⁄ ST: FR - NL

Un groupe éclectique de pilotes de bolides personnalisés et “tunés” se retrouve à New York pour une course illégale sur un parcours de près de 5000 km jusqu’à Long Beach en Californie. Le prix du vainqueur : les droits exclusifs à la frime et un distributeur de chewing-gum rempli à ras bord.

Précédé d’une présentation bilingue.

 + INTRO 

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Vendredi 30.08 21:00 LEDOUX Cart

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Macadam à deux voies
Two-Lane Blacktop
  • Monte Hellman, USA 1971 ⁄ James Taylor, Warren Oates, Laurie Bird, Dennis Wilson ⁄ couleur ⁄ 102' ⁄ ST: FR - NL

Au cours d’une course automobile à travers le sud-ouest américain au volant d’une Chevrolet 1950, un duo pilote et mécanicien croise la route d’une autostoppeuse hippie ainsi que d'un conducteur effronté d’une rutilante voiture de sport GTO, dans un road-movie mélancolique devenu film culte.