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Films muets

Un film "muet" ... c'est comme de la musique à vos oreilles.


Un film accompagné au piano n'est pas seulement une expérience pour les cinéphiles chevronnés ou les amateurs de musique pour piano, notre approche et notre programme sont uniques au monde. Pour les Belges comme pour les visiteurs internationaux, c'est un événement d'assister à une projection authentique d'un film "muet", une perle rare issue d'une des collections les plus riches au monde, accompagnée d'une improvisation au piano.

Le cinéma muet, même à ses débuts, est rarement “silencieux”: il est certes sans paroles, mais pas sans son: la projection d'un film s'accompagne de bruitage, de commentaires déclamés par des bonimenteurs ou encore de musique avec piano voire avec orchestre. En réalité, l'idée de combiner son et image date des débuts de l'histoire du cinéma. Mais il faut résoudre plusieurs problèmes techniques (synchronisation son/images, amplification et qualité du son) avant de produire une bande son. Le cinéma «parlant» proprement dit se développa à la fin des années 1920, avec le son disposé sur la pellicule, format qui allait devenir un standard.

Certains réalisateurs rajoutent du son à un film autrefois muet, pour lui redonner vie (comme La Ruée vers l’or de Chaplin, existant en version muette et en version sonore). En 2013, c'est là une pratique couramment utilisée pour projeter du cinéma muet. Ce n'est toutefois pas la seule option, certaines cinémathèques estimant qu'on intervient trop dans le matériau d'origine.

Comme on vient de dire, aux débuts du cinéma, dans les "dream palaces", comme on appelait alors les salles de cinéma, les projections de films étaient accompagnées d'effets sonores, d'un commentateur ou d'un présentateur (comme le benshi japonais) ou d'un accompagnement musical au piano, et parfois même d'un véritable orchestre. Il y avait donc beaucoup de possibilités :

1. Silence absolu

À l'époque du film muet, cette option avait déjà de nombreux partisans. Mais... Le choix du silence que nous voyons aujourd'hui dans les films n'a rien à voir avec les pratiques des cinémas de l'époque. La musique avait une raison d'être fonctionnelle: tout d'abord, en contribuant au spectacle (à l'ouverture, aux intermèdes ou à l'accompagnement du film) mais aussi, et surtout, en couvrant les sons gênants du projecteur et de la salle. Regarder un vieux film sans musique est un grand défi pour les spectateurs d'aujourd'hui. Vous pouvez vous y essayer en regardant des films muets sur notre chaîne Youtube. C'est pourquoi, sous #cinematekbecreative, nous proposons le même film en version muette et avec plusieurs bandes sonores différentes. Tous ceux qui en ont envie peuvent encore nous envoyer leur propre version!


2. Une interprétation de la partition historique qui accompagne le film

Les cinéastes laissent parfois des instructions très claires sur l'accompagnement musical de leurs films. Un certain nombre d'historiens du cinéma et de musicologues sont de fervents défenseurs de cette option. Elle offrira aux spectateurs un regard authentique sur les compositions de l'époque. Malheureusement, ces reconstitutions, coûteuses et longues, restent pour l'instant extrêmement rares.


3. Création d'une bande sonore de film contemporain

Un festival, une rétrospective, un anniversaire, une restauration... Autant d'occasions de faire appel au talent d'un compositeur de renom et d'écrire une nouvelle partition.

Cet anachronisme est vivement critiqué par certains cinéphiles et défenseurs de l'approche historique. Les musicologues ou mélomanes, en revanche, rejettent le caractère stéréotypé de la deuxième option. Mais une nouvelle bande sonore peut changer notre regard, réanimer un film ou même souligner son caractère intemporel !

Pour le DVD Avant-Garde belge, nous avons donné de telles missions à des compositeurs d'avant-garde. Sur notre chaîne Youtube, vous pouvez trouver par exemple: La Perle avec une bande sonore de Mireille Capelle.

Hughes Maréchal a composé de nouvelles musiques pour le documentaire sur le Marquis De Wavrin et les films muets qui l'accompagnent.



Hughes Maréchal a composé une nouvelle musique pour le documentaire sur le Marquis De Wavrin et les films muets qui l'accompagnent.


4. Sélection d'un certain nombre de pièces contemporaines ou classiques

On choisit un certain nombre de morceaux de musique adaptés à la projection du film. À l'époque du film muet, lorsqu'aucune partition n'était écrite pour le film, cela se faisait plus souvent. Elle s'apparente ainsi à une reconstitution historique, mais cette option comporte un certain nombre de risques : elle peut rapidement paraître inadéquate, excessive ou artificielle. En outre, les pièces existantes ont souvent leur propre contexte d'origine et des traits de caractère qui ne servent pas toujours l'image en mouvement.


5. Improvisation

CINEMATEK opte pour l'improvisation

L'improvisation pure et simple peut être entendue lorsque le musicien n'a jamais vu le film auparavant et que, avec le public, il voit les images pour la première fois. Cela peut être risqué, mais en même temps, c'est très excitant pour un pianiste. Comme les accompagnateurs de films connaissent souvent les films - ou du moins se préparent en lisant au préalable les thèmes ou les leitmotivs du film - il s'agit plus d'une semi-improvisation que d'une pure improvisation.

En bref, c'est un art ! Le pianiste s'adresse à un public différent à chaque fois et doit s'adapter à un contexte en constante évolution. Comme pour toute musique de film, l'improvisation doit être à la fois efficace et discrète.

Discrète, parce qu'une musique de film ne doit pas être écoutée, elle doit seulement être entendue.

Efficace, car il doit être en harmonie avec le rythme et les idées du film. À cet instant, le pianiste jette un pont entre le film et le public, en quelque sorte.


CINEMATEK opte pour l'improvisation. Nous sommes l'un des rares lieux au monde où, avec un accompagnement musical en direct, vous pouvez obtenir une offre aussi unique et constante de films muets.

7 pianistes se relaient presque tous les jours pour pouvoir offrir de telles performances: Alain Baents, François Chamaraux, Hughes Maréchal, Hilde Nash, Stéphane Orlando, Noah Vanden Abeele et Jean-Luc Plouvier. Ils donnent le caractère événementiel de projections de films très dynamiques.

Les images sont ramenées à la vie - parfois 100 ans après l'événement - sur le grand écran.

LES FILMS MUETS INSPIRENT TOUJOURS LE CINEMA CONTEMPORAIN

Le film sonore ne s'est pas pleinement développé avant la fin des années 1920, lorsque les grands studios américains ont adhéré au système Sound on Film, dans lequel le son qui accompagne une image est enregistré sur le film photographique et parfois sur la pellicule elle-même. Cette technique est devenue la norme.

En outre, les processus de conversion des salles de cinéma du monde entier ont également joué un rôle dans le développement du film sonore.

Les films parlants, dans lesquels les gens parlent, ont conquis le monde du cinéma dès le début.

Certains cinéastes ont composé leur propre musique et leur propre son après coup pour agrémenter leur œuvre, comme l'a fait Chaplin avec La Ruée vers l'or.



Tout au long de l'histoire du cinéma, les cinéastes réinterprètent encore régulièrement l'esthétique typique des films muets. Prenons par exemple Wall-E (2008) d'Andrew Stanton, The Artist (2011) de Michel Hazanavicius ou Le Musée des merveilles (2017) de Todd Haynes.

La magie du "film muet" est présentée dans nos programmes familiaux ainsi que dans nos programmes pour adultes.