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Restauration

La collection film de CINEMATEK, un trésor (inter)national.

des visites 3D…

06.09 2024

Définir ce qu’est un musée ou une bibliothèque est aisé pour la plupart des gens, mais les choses se compliquent lorsqu’il s’agit de comprendre le but et les missions d’une cinémathèque. Qu’évoque le terme « cinémathèque », quel est son rôle ? Que se passe-t-il derrière ses portes, une fois les projecteurs éteints et le public parti ? À travers deux articles, CINEMATEK vous éclaire sur ses activités muséales d’une part, et sur sa mission de conservation et de restauration d’autre part. Nous vous raconterons l'histoire de nos lieux tout en vous invitant à les explorer de manière immersive grâce à des visites 3D.

De CINEMATEK, le public connaît principalement son musée et ses projections quotidiennes. Mais saviez-vous que la majorité des films projetés à CINEMATEK proviennent de ses propres archives ? Tout ce patrimoine précieux, fragile et dégradable, se doit d’être conservé dans des conditions optimales pour lui éviter de subir les ravages du temps. En un siècle, la mission des cinémathèques a évolué : il n'est plus uniquement question de conserver le patrimoine audiovisuel mais également de le sauver. Si, dans les années 1930, il s’agissait essentiellement d’éviter la destruction quasi systématique des films muets (il est estimé qu'environ 80% de la production cinématographique des débuts (1895-1914) a disparu), au fil du temps et après l’arrivée du numérique, à l'heure où l'industrie du cinéma s'est presque intégralement numérisée, la mission de conservation des cinémathèques s'est étendue vers le domaine numérique, tout en continuant la conservation du cinéma sur pellicule. Dans ce contexte, la valeur inestimable du support physique se révèle d'autant plus évidente face aux défis de la conservation à long terme des fichiers numériques. Un film en format numérique doit être continuellement copié, transféré et sauvegardé dans différents formats, qui eux-mêmes doivent être régulièrement mis à jour pour rester compatibles avec les dernières normes, évitant ainsi l'obsolescence des supports. En revanche, une pellicule stockée dans de bonnes conditions peut être conservée pendant des centaines d'années. 

Ainsi, CINEMATEK préserve et restaure les films belges et internationaux, qu’il s’agisse de films de fiction, de documentaires, films d’actualité, courts métrages, publicités, bandes annonces ou encore de films d’artistes, d’avant-garde et autres films expérimentaux.  

CINEMATEK dispose aujourd’hui de plusieurs « dépôts », lieux où sont stockés aussi bien les films de la collection que le matériel de projection ou encore les autres objets et documents relatifs au cinéma et son histoire. CINEMATEK vous guide dans son cœur battant, à la découverte de l’une des collections de films les plus riches au monde. 

A l’origine, la Cinémathèque Royale de Belgique disposait de plusieurs dépôts un peu partout dans Bruxelles, aménagés dans des lieux souterrains, par exemple sous la place du Luxembourg ou Rue des Ursulines, sous l’ancienne gare des Brigittines, Avenue Poincaré ou encore Galerie Ravenstein. Aujourd’hui, la collection film est divisée et répartie dans trois bâtiments : deux à Bruxelles, où se trouve la majeure partie de la collection, répartie d’une part dans un bâtiment qui servait autrefois de garage automobile et d’autre part, dans une ancienne usine de cigarettes. Pour les copies nitrates, extrêmement dangereuses car inflammables, et qui ne peuvent donc être conservées en zone habitable, CINEMATEK dispose d’un troisième dépôt dans la province de Namur, bien en sécurité dans un ancien bunker de l’armée belge. Dans ces dépôts sont conservées quelque 260.000 copies de 80.000 films dans des conditions précises : évidemment à l’abri de la lumière, de l’air et de la poussière mais également maintenues à des températures précises et un degré d’humidité relative scrupuleusement contrôlé.

Archiver le cinéma, c’est avant tout conserver des boîtes qui contiennent des bobines de pellicules, qui “portent” les images des films. Ces pellicules sont composées de différentes matières (certaines sont en cellulose, d’autres en polyester) et existent en différents formats (du 8 mm en passant par du 16 mm, 35 mm ou encore 70 mm). Une bobine de pellicule représente en moyenne vingt minutes de film : à l’échelle de CINEMATEK, cela représente donc des dizaines de milliers de boîtes, rangées consciencieusement dans des rayonnages à perte de vue. Rien que le dépôt principal représente à lui seul l’équivalent d’une surface de quatre terrains de football.  

Les films conservés par CINEMATEK sont avant tout visibles dans ses propres salles de cinéma, où des projections de films ont lieu tous les jours de l’année. Mais les films de la collection sont aussi régulièrement montrés dans d’autres cinémas, dans des festivals et des cinémathèques qui se tournent vers CINEMATEK pour emprunter des copies [de films] conservées dans ses dépôts. Il en va de même pour les chercheurs, commissaires d’exposition, producteurs et réalisateurs de documentaires ou de journaux télévisés qui contactent CINEMATEK en vue d'obtenir des images d’archives. Autant de raisons qui font de CINEMATEK le point de référence incontournable en Belgique pour l’histoire du cinéma et le patrimoine cinématographique.

Les activités de numérisation et de restauration de films conservés dans la collection jouent également un rôle indispensable pour l’accès numérique à ces films.


CINEMATEK a créé une visite virtuelle de deux rayonnages de son dépôt principal. Une opportunité unique pour les cinéphiles d’entrer dans nos archives et de traquer l’un ou l’autre des nombreux trésors qui composent nos collections, tel que par exemple le seul internégatif de Citizen Kane d’Orson Welles ou encore l’une des premières copies de Viridiana avant l’interdiction du film par Franco.

Cette visite virtuelle a été créée avec le soutien de visit.brussels.

Une cinémathèque travaille en continu dans le but de permettre au public de continuer à voir les œuvres. Historiquement, le cinéma n’a pas toujours bénéficié d’autant de considération qu’aujourd’hui et une fois l'exploitation terminée, la tradition était de détruire les pellicules. Sans le travail acharné et quasi-clandestin des cinémathèques depuis près d’un siècle, une grande partie de l'histoire du cinéma serait aujourd’hui perdue. En 2024, la menace est différente mais bien réelle : les cinémathèques sont alors à la fois les gardiennes de la mémoire vivante du cinéma, mais également de sa perpétuation et de sa transmission.



Cette visite virtuelle a été créée avec le soutien de
visit.brussels