Michelangelo Frammartino a étudié l’architecture et le cinéma à Milan, réalisé plusieurs courts métrages et conçu quelques installations cinématographiques. La plus célèbre d’entre elles est sans aucun doute Alberi, présentée au MoMA et au Centre Pompidou, qui faisait revivre un rituel oublié de la Basilicate, symbolisant le lien entre l’homme et la terre.

L’œuvre cinématographique de Frammartino se limite à seulement trois films. Mais quels films ! Des films poignants qui, en regardant, en écoutant et en ressentant, exigent une attention radicale pour le silence, la simplicité, le rythme de vie lent des gens ordinaires, de la faune et de la flore dans le sud sauvage de l’Italie. Une immersion dans un monde à l’écart d’une société de consommation bruyante, précipitée et spectaculaire. Il y a d’abord eu le film à petit budget Il dono, présenté à Locarno. À peine sept ans plus tard, Le quattro volte est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Enfin, Il buco, est récompensé du Prix spécial du jury à Venise.

Enfin, bien que les films de Frammartino s’inscrivent dans la lignée du néoréalisme italien et portent la marque des films de Vittorio De Seta, Ermanno Olmi, Pier Paolo Pasolini et Cecilia Mangini, sa voix est unique. Cinéaste toujours patient, Frammartino ne réalise pas de documentaires « purs », mais propose tout sauf un cinéma narratif classique. Ses films se situent toujours à la frontière fascinante entre le documentaire et la fiction. Il n’y a pratiquement pas de dialogue (intelligible), pas de musique, ni de rebondissements majeurs. Mais il se passe quelque chose dans ses films, des choses petites et grandes, tant au premier plan qu’à l’arrière-plan. Visuellement, auditivement et sensoriellement.

Dans son observation, son imagination et sa mise en scène sophistiquées du temps lent et cyclique, de la ritualité en voie de disparition, Frammartino est toujours ouvert à ce qui se passe au moment même du tournage, à ce qui ne peut être contrôlé, comme les conditions météorologiques ou le comportement imprévisible des animaux et des non-acteurs. Pour Le quattro volte, Frammartino s’est inspiré de la théorie de la réincarnation de Pythagore, selon laquelle l’âme d’un être humain passe dans un animal, puis dans un arbre et enfin dans du charbon de bois. Une vision empathique et une oreille méditative pour le cycle de la vie qui englobe non seulement l’être humain, mais aussi la terre entière dans son déclin et sa transformation. Frammartino ne romantise jamais la vie « primitive » en Calabre. 

Avec son dernier film, Il buco, Frammartino a réalisé une reconstitution réfléchie de l’expédition spéléologique périlleuse menée en 1961 dans les montagnes du Pollino, en Calabre. Cette expédition à couper le souffle est mise en parallèle, avec humour, à la vie modeste et particulière d’un simple paysan.

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