ARTISTS IN FOCUS
Frans van de Staak
En décortiquant images, sons, actions, pour les assembler dans des fictions atypiques, souvent burlesques, Frans van de Staak a créé une œuvre qui aiguise nos sens comme nulle autre. Il s’agit d’un des grands poètes de l’histoire du cinéma qu’il est bienvenu de (re)découvrir, aujourd’hui.
Artiste et graveur, Frans van de Staak (1943-2001) découvre la force du cinéma dans une séquence du Désert rouge d’Antonioni. Il s’inscrit dans une école de cinéma et crée CINEECRI, une revue qu’il distribue lui-même.
En économisant sur la subvention reçue pour son travail de graphiste, ses courts métrages des années 1970, tentatives de transposer à l’écran des textes, parfois d’écrivains établis (Korneliszoon Poot, Spinoza…) jettent les bases de son cinéma. Plus que dans une reproduction parfaite, c’est dans l’effort de donner voix au texte que les acteur·rice·s, amateur·rice·s, sont filmé·e·s. Frans van de Staak juge plus à l’oreille qu’à l’œil si une prise est réussie.
À la fin de la décennie commence la collaboration avec la cinéaste Heddy Honigmann, sa compagne, qui assurera le montage de quatre de ses films dont son premier long métrage, De onvoltooide tulp. En s’associant ensuite à la poétesse Lidy van Marissing pour écrire le scénario de deux films, il sonde la langue dans son utilisation quotidienne, se penche sur les idiotismes et s’intéresse aux jeux de montage de la poésie et du cinéma. Seul héritier digne de Dziga Vertov selon Jean-Marie Straub, Frans van de Staak désire rendre le monde meilleur, en invitant le·la spectateur·rice à l’observer plutôt qu’en lui racontant des histoires.
Il réunit, restaure et construit dans son atelier tout l’appareillage nécessaire au montage — son et image — et à l’enregistrement des voix (il préfère parfois réenregistrer un texte). Ce studio, où il passera une grande partie de sa vie, lui assurera l’autonomie nécessaire pour réaliser à peu de frais. Il y recevra aussi de nombreux·ses débutant·e·s, dont il produira parfois les films.
Avec l’inclassable Gerrit Kouwenaar, une première fois comme lecteur de ses propres poèmes (L’Ombre du vent) et une seconde comme inspiration à un film (Ongedaan gedaan), l’attention au geste (le sensoriel, le manuel) rejoint celle déjà donnée à la parole. La musique, composée régulièrement par Bernard Hunnekink (tromboniste chez Willem Breuker), est aussi un matériau. Également, les objets, les gestes du quotidien, les éléments de la nature filmés sont utilisés dans des plans de coupes, à répétition, et donnent à ce cinéma très concret, une étrange qualité méditative.
Dans les années 1990, en pleine maîtrise de son travail, Frans van de Staak fait appel à des acteur·rice·s professionnel·le·s. Ses films n’en seront pour autant pas beaucoup plus vus qu’au festival de Rotterdam, Huub Bals en étant un grand admirateur. Avant son dernier film, le clownesque Lastpak, il retourne à deux formes courtes, dont Dichtweefsel à partir de Wallace Stevens, le poète pour qui l’expérience esthétique donne la clé d’une réalité fondamentale et ceci par le rôle vital que l’imagination y joue.
Certainement, dans le souci qu’il a exprimé de rendre les choses tangibles quand la temporalité de nos propres vies nous échappe, Frans van de Staak a réussi à mettre en mouvement notre imagination, et cela bien au-delà du temps de la projection.
En collaboration avec


Avec l’aide financière de


Lundi 15.09 19:00 LEDOUX Cart
Si ces deux premiers films de Frans van de Staak, Een portret van (ou le quotidien de l’artiste Frank Lodeizen (1931-2013), cafés, musique de Stockhausen, poème de Lucebert) et Freem (film à double écran) sont les témoins de premières expérimentations, Het bezoek, filmé par Robby Müller, met déjà en place des élements futurs du style du réalisateur. Le film capte la réinterprétation pendant plusieurs jours du scénario, ou l’action d’une fille qui rend visite à un appartement occupé par un garçon et une fille.

Dimanche 21.09 21:15 LEDOUX Cart
Dans Sonate, un homme récite des mots dans un port, pour un poème à la fois sonore et visuel. Suivi de dix poèmes du paysan et poète classique de la littérature néerlandaise Hubert Korneliszoon Poot. Enfin, un texte de l’écrivain allemand Friedrich Griese, en allemand et en néerlandais, dit par deux acteur.ice.s interrompu.e.s de temps en temps par un troisième incarnant l’auteur. Ces scènes parlées sont ponctuées de gravures filmées.

Mercredi 24.09 19:00 LEDOUX Cart
Conférences, introductions, ateliers…
Frans van de Staak
Uit het werk van Baruch d’Espinoza 1632-1677
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1973 ⁄ Annette Apon, Hans Beyer, Karel Dibbets ⁄ couleur ⁄ 32' ⁄ ST: FR
Terzake
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1977 ⁄ Gijs van Velde, Wil van de Staak, Chris Hahn ⁄ couleur ⁄ 42' ⁄ ST: FR
Quatre-vingt-deux déclarations tirées de l’Éthique de Spinoza lues par 22 personnes, comme des dialogues et non comme un assemblage d’opinions. Suivi d’un exercice de récitation en milieu urbain de textes politiques de Menachem Samuel Arnoni, la tension naissant entre le volume du texte prononcé et celle de l’activité humaine environnante.
Séance présentée en néerlandais par Annette Apon (cinéaste et productrice).
+ INTRO

Dimanche 28.09 21:15 LEDOUX Cart
Deux couples voyagent en train vers la ville où ielles prennent le vélo pour rejoindre une manifestation (Optocht) contre la bombe atomique. Après que trois autres individus les aient rejoint.e.s, ielles restent, à quatre, debout devant un arbre. Des cloches sonnent et couvrent leurs paroles. Dans De korzelige klant, ce sont sept collègues qui passent une journée à Amsterdam, à boire du café et des bières, à se promener au parc et à penser à acheter un cadeau à leur patron.

Mercredi 01.10 19:00 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
De onvoltooide tulp
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1980 ⁄ Benny Leverink, Willy Knuif, Peter Flamman ⁄ couleur ⁄ 77' ⁄ ST: FR
Le premier long-métrage de Frans van de Staak, auto-financé. Chaque scène est jouée par un acteur et une actrice différents et certaines scènes sont parfois rejouées par d’autres. Une distribution de 29 acteur.ice.s au total, dont Johan van der Keuken et Frans van de Staak. Un échange phrasé en lieu et place de dialogues qui fait ressortir le caractère arbitraire et absurde du langage.

Mercredi 08.10 21:00 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
People Passing Through Me in an Endless Procession
Er gaat een eindeloze stoet mensen door mij heen
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1981 ⁄ Mar Kagie, Joke Metman, Henk Bos ⁄ NB ⁄ 86' ⁄ ST: EN
Frans van de Staak et Lidy van Marissing signent à deux le scénario de ce film dans lequel interviennent huit acteur·rice·s fixes, un acteur libre et un objet mystérieux. Dans chaque scène il y a un·e acteur·rice qui parle et un autre qui se déplace. Ielles récitent le texte dans une église, sur un palier, en jouant aux cartes. La musique devient aussi actrice, les neufs se taisent quand elle apparait.

Dimanche 12.10 19:00 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
Op uw akkertje
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1982 ⁄ Sylvia Alberts, Anneke van Lom, Joke Metman ⁄ 91' ⁄ ST: EN
Pour ce deuxième film avec Lidy van Marissing comme co-scénariste, 43 scènes comme autant d’intermèdes musicaux. Le rapport entre ce que l’on entend et ce que l’on voit nous semble laissé au hasard. "La relation entre la littérature et le film n’est ici plus l’habituelle, un film qui raconterait une histoire par une succession d’images, mais plutôt la transformation visuelle d’une certaine manière d’écrire..." (FvdS).

Mercredi 15.10 21:00 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
Het vertraagde vertrek
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1983 ⁄ Yves van Kempen, Henk Bos, René van het Hof ⁄ couleur ⁄ 107' ⁄ ST: FR
Collaboration étroite entre Frans van de Staak et l’écrivain Jacq Vogelaar (1944-2013). Un dialogue entre film et écriture se transformant en un effort collectif, les scènes tournées étant regardées par chacun.e des participant.e.s, suivies par l’écriture de la scène suivante, filmée puis regardée ensemble avant d’écrire la suivante et ainsi de suite. Le point de départ, l’influence du lieu sur le comportement humain. Des 9 (!) montages finaux, un seul fut retenu pour le film.

Dimanche 19.10 19:15 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
L’Ombre du vent
Windschaduw
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1986 ⁄ Isabelle Guillaume, Gérard Klieverik ⁄ couleur ⁄ 71' ⁄ ST: FR
Deux poésies de Gerrit Kouwenaar sont lues en voix-off par le poète lui-même sur les images d’un couple faisant ses valises, partant en voyage et défaisant ses bagages au terme de celui-ci. L’Ombre du vent, dédié à Huub Bals alors directeur du festival de Rotterdam, a été réalisé selon la "méthode du domino" : chaque scène, à l’exception de la première, a été créée après le tournage de la précédente. Le scénario a été écrit au terme d’un an de tournage...

Mercredi 22.10 19:00 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
Ongedaan gedaan
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1989 ⁄ Thom Hoffman, Martien van den Ouwelant, Olga Zuiderhoek ⁄ couleur ⁄ 83' ⁄ ST: FR
Quatre personnes, chacune jouée alternativement par deux actrices ou acteurs différents, se précipitent dans les rues d’Amsterdam, extrêmement affairées. Répétitions de poèmes et travellings latéraux inspirés par la poésie de Gerrit Kouwenaar (1923-2014).

Dimanche 26.10 21:00 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
Rooksporen
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1991 ⁄ Frida Pittoors, Peter Blok, Wim Meuwissen ⁄ couleur ⁄ 105' ⁄ ST: FR
Basé sur une pièce de théâtre de la co-scénariste Lidy van Marissing, Rooksporen est l’histoire d’une femme isolée, et qui fait l’objet d’un interrogatoire dans lequel elle est vainement décrite par 26 témoins par le biais d’anecdotes et de phrases toutes faites. Il est impossible de savoir ce dont elle est accusée mais les témoins croient toustes en sa culpabilité. Le film choisi en 2000 par Johan van der Keuken pour représenter le patrimoine cinématographique européen dans un sondage à 15 réalisateurs de la Coordination européenne des festivals de cinéma.

Mercredi 29.10 19:00 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
Kladboekscènes
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1994 ⁄ Rik Van Uffelen, Michiel Nooter, Marlies Heuer ⁄ couleur ⁄ 98' ⁄ ST: FR
Conversations entre le grand maître de l’Auflklärung allemande Georg Christoph Lichtenberg et son assistant. Librement adapté d’une pièce de théâtre de Cyrille Offermans, le film ne prétend pas coller à la réalité historique. Le Lichtenberg de van de Staak devient une figure hybride, qui cite e.a. des auteurs des 19ème et 20ème siècles.

Dimanche 02.11 21:30 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
Schijnsel
- Frans van de Staak, Pays-Bas 1996 ⁄ Frieda Pittoors, Bert Luppes ⁄ couleur ⁄ 80' ⁄ ST: FR
Deux sortes de solitudes se rencontrent selon van de Staak dans ces échanges homme-femme filmés. La solitude ressentie en l’absence de l’autre et celle ressentie en sa présence par la différence inhérente à chaque individu.

Mercredi 05.11 19:00 LEDOUX Cart
Les dialogues des personnages des trois voyageurs et de la petite fille de la pièce de théâtre de Wallace Stevens Three Travellers Watch Sunrise sont dits par une actrice. L’acteur qui accompagne cette répétition lui donne de temps en temps quelques indications (Dichtweefsel). Sur des citations de textes écrits pour la majorité par des autrices, une femme traverse un environnement estival, et tout ce qui le compose lui évoque l’être aimé (Sepio).
Séance présentée en Anglais par Nurşen Bakır, cinéaste.
+ INTRO

Vendredi 07.11 18:00 PLATEAU Cart
Mercredi 12.11 20:00 PLATEAU Cart
Les ancien.ne.s collaborateur.ice.s du réalisateur se réunissent dans un court hommage appelé « monument », mise en scène de sketches où les actions dominent. Ielles prennent ensuite la parole dans ce documentaire de Kees Hin filmé dans l’atelier de Frans van de Staak, où furent enregistrés de nombreux textes de ses films et où furent montés ses propres films et ceux des réalisateur.ice.s qu’il produisit.

Dimanche 09.11 21:15 LEDOUX Cart
Frans van de Staak
Nuisance
Lastpak
- Frans van de Staak, Pays-Bas 2001 ⁄ René van het Hof, Marlies Heuer, Betty Schuurman ⁄ couleur ⁄ 72' ⁄ ST: FR
Un acteur ne pouvant s’arrêter de jouer au quotidien, ceci jusqu’à l’énervement de ses proches, quitte la ville pour la campagne où il invente un théâtre d’objets pour un nouveau public: sa voisine et sa fille. Commence alors la mise en scène à trois de pièces de théatre, pour un jeu qui se révèle plus subversif qu’imaginé au départ.