Il reste comme l’un des rares cinéastes qui a eu l’honneur de se voir attribuer le statut de légende du temps de son vivant. King of the B-movie est un titre honorifique dont il était pleinement satisfait et qu’il a commercialisé à souhait. Dans les années 1950, Corman a réalisé un nombre incalculable de films d’exploitation pour la American International Pictures, si possible en deux jours et une nuit. Toutefois, sa filmographie, riche de plusieurs dizaines de films de genre divertissants par leur côté spectaculaire, contient également une douzaine de films cultes, devenus classiques incontournables avec le temps. 

La Chute de la maison Usher, production à plus grand budget, fut un pari risqué pour Corman, mais le succès du film marque le début d’une des collaborations les plus fertiles entre réalisateur et acteur, Corman et Vincent Price, dans le cinéma de genre qu’est le film d’horreur. Magnifié par une imagerie colorée et baroque, par l’équilibre entre atmosphère et esthétique, dans lequel l’horreur est imprégnée d’angoisse existentielle et de mélancolie, ont fait de Roger Corman l’un des plus grands auteurs de films de série B de qualité, style B+. Son statut lui a, entre autres, permis de réaliser un film à gros budget pour la Fox. 

Tourné en 1967, Le Massacre de la Saint-Valentin est un film de gangters subversif injustement oublié au vu de ses indéniables qualités. Une expérience qui a terriblement déçu Corman, notamment sur le gaspillage d’argent et la perte de temps qu’impliquait la production d’un film dans un des plus grands studios hollywoodiens. Son salut, Corman le trouvera en fondant sa propre société de production, New World Pictures.