La naissance imminente de son enfant est le point de départ d’une évaluation sur le « vivre ensemble » dans lequel son fils va devoir grandir. Filmé aux Pays-Bas, au Maroc et au Cameroun, le film retrace l’histoire du développement des outils dont l'homme s'est servi au cours des siècles pour contrôler son environnement naturel et qui, dans les sociétés de hautes technologies, favorisent l’aliénation sociale et l’oppression.

Cette tranche poétique de la Trilogie a été filmée en collaboration avec le poète Bert Schierbeek dans trois cultures différentes. Sur l’île espagnole de Formentera les hommes vivent proche de la nature, mais sont sous la menace du développement du tourisme. Aux États-Unis, un centre communautaire offre une alternative à la société de production et de consommation de masse, tandis qu’aux Pays-Bas, on suit la reprise d’une usine par les ouvriers. La Forteresse blanche montre ce que Van der Keuken considérait comme « un tapis roulant qui parcourt le monde entier ».

La bande sonore de Willem Breuker rythme la lutte d’ouvriers péruviens qui tentent de former une coopérative autonome et le découragement d’une famille néerlandaise, dont les enfants vivent une vie terne et monotone en tant que travailleurs dans une fabrique de glace. La famille lutte contre la surdité et est pour l’essentiel analphabète. Une observation minutieuse de l’isolement et de l’exploitation, des influences néo-coloniales et des fausses promesses de la société “moderne” que Van der Keuken tisse dans ce dernier volet de la trilogie Nord-Sud. 

Les deux films abordent explicitement la question de comment faire face à la politique internationale. Vietnam Opera suit une troupe d’acteurs vietnamiens qui, par le biais d’une représentation théâtrale, mettent leur art au service de la libération de leur pays. Le contraste avec des Néerlandais sur un marché est très fort. Dans Les Palestiniens, Van der Keuken se rend en Palestine pour montrer l’esprit de résistance et l’espoir du peuple palestinien malgré un contexte international complexe.

Une série de portraits à la lumière de la crise économique. Joop Uchtman est chômeur à Den Helder. À Francfort-sur-le-Main, Doris Schwert raconte comment elle s’est vu refuser l’accès à un poste d’enseignante en raison de son appartenance au Parti communiste allemand. On voit également Jan van Haagen, ouvrier dans un atelier de métallurgie où les secondes s’écoulent péniblement. Les autres personnes portraiturées sont l’économiste et publiciste français Claude Ménard et le célèbre Amstellodamois Ome Joop Beaux, activiste qui s’oppose à la hausse des loyers dans la capitale. 

Documentaire sur le Waddenzee, zone entre mer et continent qui est constamment en mouvement par le flux et reflux des marées. Johan van der Keuken : « La Jungle plate s’appuie sur une construction à long terme, qui vise à relier le minuscule à l’énorme : par exemple les larves de plies aux centrales nucléaires. Entre les deux, l’image de notre relation biaisée avec Mère Nature et comment nous la détruisons par notre maladresse systématique ».

Pendant qu’un dieu construit le monde, un autre brise sa création dans l’espoir de faire mieux. Dans cette comédie musicale, mythe et réalité se rejoignent et révèlent deux mondes différents : d’une part, la vie d’un homme et d’une femme dans un quartier en ruines d’Amsterdam, et d’autre part, la vie au fin fond du désert tunisien. 

Ce travelogue produit en trois parties pour la chaîne de télévisionVPRO fut ensuite monté comme un film à part entière. Durant ce voyaged’Amsterdam vers les rives du Nil, on rencontre des personnes qui cherchent à se faire une place dans le monde : squatteurs, voyageur délaissant la campagne pour la ville, le Sud pour le Nord. Johan van der Keuken : « C’est une histoire d’émigration extérieure et d’aliénation intérieure, mais aussi une série de signes de courage ».

Ce film porte sur le Melkweg, lieu culturel de rencontres qui fut fondé à Amsterdam dans les années 1970. Cet espace unique pour la musique, la danse, le théâtre et le cinéma est aussi un point de rencontres privilégié et multiculturel pour les visiteurs du monde entier. Van der Keuken a défini ce film monté de manière fragmentée comme « une Voie lactée [traduction de Melkweg] en film, un espace fictif ou le monde roule, tourne, et où un certain nombre d’existences se croisent ».

New York, Genève, Hong Kong et Amsterdam sont des plaques tournantes de l’économie mondiale où l’argent circule librement. Dans les rues de New York, derrière les façades imposantes et triomphales des bourses et des banques, se cache la pauvreté. Personne n’échappe au mythe du dieu Dollar : les plus démunis se battent entre eux pour survivre, racontent leurs rêves inaccessibles. Des hommes d’affaires présentent leur vision de la finance dans leurs bureaux. Le travail concret est occulté par le mythe de la croissance illimitée. 

Dans les années 1960 et 1970, Van der Keuken a filmé un certain nombre de portraits d’artistes dans lesquels la rébellion de l’artiste se reflète dans la forme même du film. Dans Opland nous faisons connaissance avec le cartooniste Opland ; Tajiri est un portrait du sculpteur Shinkichi Tajiri ; Yrrah suit le cartooniste du même nom. Dans Big Ben le saxophoniste Ben Webster loge à Amsterdam chez une propriétaire maternante au possible. Bert Schierbeek est un film à propos de la perte, de la poésie et de l’amour. 

Le « film collectif » Le Résistant est né d’un workshop auquel Johan van der Keuken a participé à Annecy, et s’appuie sur le témoignage de Julien Helfgott, figure majeure de la Résistance en Haute-Savoie. Natte voeten in Hongkong est un court extrait d’un tournage de 20 minutes sur un trottoir détrempé par la pluie à Hong Kong. Dans The Mask on suit quelques sans-abris dans le métro parisien, dont Philippe, 23 ans, qui rêve d’un beau costume tandis que la ville vit au rythme des festivités de la commémoration de la Révolution française. 

Un documentaire sur le cycle de la vie et de la mort au Kerala, dans le sud de l’Inde. On assiste au passage du savoir de génération en génération : au sein de la famille, par le biais de l’économie du village, et de professeurs en élèves. Un “créditeur” ambulant se rend dans les villages où les arts du spectacle, les arts martiaux, la religion et le cinéma sont les éléments constitutifs d’une culture. Un projet d’ethnographie visuelle dans lequel les regards se croisent.

Dans Face Value, tout est question de visage et de perception : le désir d’être vu·e, l’angoisse d’être vu·e, l’incapacité de se voir, la peur et le désir de voir l’autre. Le film allie approche consciente et spontanéité, contemplation et action. Il nous présente les différentes visions d’une région que nous appelons « Europe », quelque part entre Londres, Marseille, Prague et les Pays-Bas.

Le film met en lumière la transformation des orchestres d’instruments à vent occidentaux dans différentes cultures non-occidentales. La musique de parade qui fut introduite à l’époque coloniale, prend un tout autre aspect dans les traditions musicales autochtones. Par le biais de différents membres d’orchestres, le film présente peu à peu une image de la vie quotidienne. Une part importante de celle-ci se joue lors de rituels religieux, lors des mariages et des enterrements, où la musique joue un rôle essentiel. 

Sur une période de 32 ans, Van der Keuken a réalisé deux films sur le poète Lucebert. Quand Lucebert est décédé en 1994, Van der Keuken a réalisé la troisième partie de ce qui allait devenir un triptyque. Dans ce troisième film, c’est la présence du poète et peintre qui est invoquée dans son atelier où il n’est plus. Le titre On Animal Locomotion fait référence aux travaux d’ Eadweard Muybridge, photographe du 19^e siècle et précurseur de l’invention du cinéma, qui mit au point un procédé permettant d’analyser les mouvements des humains et des animaux. 

Khalid, livreur en scooter, fait office de guide dans ce long périple qui nous entraîne à la rencontre de femmes « typiques » du quartier du Jordaan à Amsterdam, ainsi que d’autres habitant.e.s de la capitale en provenance de Tchétchénie, de Bolivie et du Ghana. Johan van der Keuken a dédié son film au poète Bert Schierbeek, à qui il a également emprunté la devise : « J’ai toujours pensé que la vie était faite de 77 histoires en même temps ». Fort de ce principe, Van der Keuken nous entraîne au cœur de la vie multiculturelle d’Amsterdam. 

Une compilation de courts métrages qui commence avec Sarajevo Film Festival, que Van der Keuken a tourné durant le festival  alors que le pays était en guerre. To Sang Fotostudio présente Monsieur To Sang, qui fait le portrait de nombreux Amstellodamois. Amsterdam Afterbeat est un film composé à partir des images d’Amsterdam Global Village, où Van der Keuken crée un rythme à partir de tous les « claps » de synchronisation image/son. Temps/Travail est composé de divers projets de films, et Napels est un court portrait de la Cité du Soleil. 

Rongé par la maladie et conscient qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre, Van der Keuken utilise sa caméra argentique, ainsi qu'une petite caméra numérique plus légère pour capter le caractère éphémère de la vie dans différentes cultures. Dans ce road-air-movie il filme presque tout : ses déplacements en avion et en voiture, ses rencontres avec des moines bouddhistes, un docteur tibétain, et la vue depuis un deltaplane survolant Rio de Janeiro.