CLASSICS & ANTHOLOGIES
Nagisa Ôshima
Nagisa Ôshima, cinéaste flamboyant, provocateur, cherchant parfois de manière démesurée à créer le scandale, est la figure de proue de la Nouvelle Vague japonaise qui, à la fin des années 1950, a tout bonnement copié le modèle français pour le transposer au sein des studios nippons qui voyaient dans le cinéma de ces jeunes réalisateurs rebelles un gage de succès commercial.
Ôshima, connu pour être un virulent polémiste, intéresse la Shochiku, un des plus grands studios japonais de l’époque, qui lui laisse carte blanche pour réaliser ses premiers films. En l’espace de deux ans, entre 1959 et 1960, il réalise trois longs métrages (Une ville d’amour et d’espoir ; Contes cruels de la jeunesse ; L’Enterrement du soleil) qui répondent totalement aux attentes du studio. Ces films âpres et cruels sont imprégnés de poésie sombre et de désespoir, et décrivent les bidonvilles de Tokyo ou encore la brutalité de la sexualité adolescente. Ces trois premiers essais révélèrent Ôshima. Mais son sens outrancier de la provocation finit par effrayer la Shochiku qui saborda la distribution de son film suivant, Nuit et brouillard du Japon, un brûlot jugé trop polémiste qui traite d’un sujet épineux et délicat pour le Japon à l’époque : la faillite totale des luttes sociales des années 1960, et la désillusion vis-à-vis du Parti communiste.
Trop à l’étroit dans les limites imposées par les studios, Ôshima claque la porte de la Shochiku, et fonde sa propre société de production afin de pouvoir en toute indépendance laisser libre cours à ses désirs subversifs. S’en suivent, Une bête à nourrir et Le Révolté, qui traite de la persécution des Japonais catholiques, ainsi que Les Plaisirs de la chair, n’ont pas la même puissance que ses films précédents. Suit, en 1966, L’Obsédé en plein jour, dans lequel Ôshima révolutionne complètement son style pour brosser le portrait d’un violeur et assassin au travers d’un flot d’images mentales. Un film sombre et flamboyant qui met en scène l’attraction destructrice, thème récurrent dans l’œuvre du cinéaste. À la fin des années 1960, le Japon découvre un cinéma plus marginal encore : le cinéma « Pink », cinéma d’exploitation à teneur plus ou moins érotique, qui défie constamment la censure, mais dans lequel, au final, les scènes de nu sont secondaires par rapport à la fougue anarchisante que dégagent ces films voyous. Ce cinéma réinvestit les rues, et filme au plus proche la réalité d’une société dont il dénonce les excès du pouvoir et les bavures policières à l’encontre des syndicats d’étudiants de gauche. Ôshima se rapproche de ce cinéma marginal et s’en inspire pour Double suicide : été japonais, Le Journal d’un voleur de Shinjuku, et Il est mort après la guerre, trois oeuvres déchaînées et totalement libres dans lesquels il se livre à toutes sortes d’expérimentations visuelles et narratives.
Critique acerbe de la société japonaise d’après-guerre, Ôshima aborde et attaque dans ses films suivants l’idée de la pureté de la race qui est le fantasme d’un pays en pleine mutation. Dans Le Retour des trois soûlards, trois Japonais sont confondus par les autorités avec des clandestins coréens. Dans le chef-d’œuvre qu’est La Cérémonie, un mariage doit absolument avoir lieu malgré la disparition de l’épouse afin de « sauver les apparences ». La vierge vertueuse japonaise n’est qu’un fantôme. Le Japon racé et pur n’est qu’un fantasme, un pays imaginaire. L’Empire des sens, le plus connu des films d’Ôshima, est une réponse sans détour à ses commanditaires, Argos Films et Anatole Dauman, qui ont proposé à Ôshima de réaliser le premier film pornographique artistique. Scandale incommensurable au Japon, et consécration d’Ôshima comme le plus grand cinéaste japonais de son temps suite à la projection du film au Festival de Cannes.
Avec le soutien de
Mercredi 11.09 19:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
A Town of Love and Hope
Ai to kibô no machi
- Nagisa Ôshima, Japon 1959 ⁄ Fumio Watanabe, Yuki Tominaga, Yûko Mochizuki ⁄ couleur ⁄ 62' ⁄ ST: EN
À la mort de son père un jeune garçon doit travailler pour aider sa mère et sa sœur. Il fait vivre sa famille en vendant des pigeons voyageurs qui reviennent systématiquement dans son pigeonnier, ce qui lui permet de les vendre plusieurs fois. Dans un style proche du néo-réalisme, le premier long métrage d’Ôshima est déjà un manifeste de ses films à venir : regard cru et sans concession sur la société japonaise, pessimisme quant à son évolution future, et conclusion en forme d’impasse.
Vendredi 13.09 21:15 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
The Sun’s Burial
Taiyô no hakaba
- Nagisa Ôshima, Japon 1960 ⁄ Kayoko Honoo, Kôji Nakahara, Fumio Watanabe ⁄ couleur ⁄ 87' ⁄ ST: EN
Dans un bidonville aux portes d’Osaka où règne la misère la plus totale, le crime et la prostitution, une jeune femme s’occupe de postes médicaux clandestins où les parias de la société peuvent se procurer quelques médicaments ou des drogues en échange d’un don de sang. Au milieu des immondices, une sombre métaphore du Japon de l’après-guerre au travers d’un portrait des laissés-pour-compte du développement économique.
Lundi 16.09 19:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
Night and Fog in Japan
Nihon no yoru to kiri
- Nagisa Ôshima, Japon 1960 ⁄ Miyuki Kuwano, Fumio Watanabe, Masahiko Tsugawa ⁄ couleur ⁄ 107' ⁄ ST: EN
Le premier film manifestement politique d’Ôshima, décrit dans un style surprenant les tensions qui déchirent le principal mouvement étudiant japonais de gauche. Un témoignage sur le désenchantement et la désillusion idéologique de toute une génération.
Mercredi 18.09 21:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
The Catch
Shiiku
- Nagisa Ôshima, Japon 1961 ⁄ Rentarô Mikuni, Akiko Koyama, Yôko Mihara ⁄ NB ⁄ 104' ⁄ ST: EN
En 1945, alors que la guerre du Pacifique s'achève, des paysans ramènent dans un village reculé un pilote américain qu’ils ont fait prisonnier. Très vite, il est considéré par les enfants comme une bête curieuse, et comme un « nègre » par les adultes. Dans ce film de commande, Ôshima délaisse ses explorations stylistiques pour livrer un récit plus classique et linéaire dans lequel il dénonce le racisme primaire qui gangrène la société nippone.
Vendredi 20.09 19:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
La Pendaison
Ophanging
Kôshikei
- Nagisa Ôshima, Japon 1968 ⁄ Kei Satô, Do-yun Yu, Fumio Watanabe ⁄ NB ⁄ 118' ⁄ ST: FR - NL
L'engranage rituel de la peine de mort, mis en péril par l'amnésie du condamné, avec réalisme insolite, mimodrames subversifs et sabotage des apparences, chers à Ôshima.
Dimanche 22.09 21:30 LEDOUX Cart
Les errances post-estudiantines de trois bras cassés japonais pris à tort pour des coréens, minorité peu appréciée dans le Japon de l’époque. Sous couvert d’une guignolade burlesque, une critique acerbe de la société japonaise avec de multiples allusions à la guerre de Corée. Précédé de Yunbogi no nikki, inspiré par de nombreuses photographies d’enfants des rues pris par Ôshima lors d'un voyage en Corée en 1964 et dénonciation fulgurente de l’occupation japonaise la Corée de 1905 à 1945, qui plonga le pays dans le chaos et la misère.
Lundi 23.09 21:15 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
Diary of a Shinjuku Thief
Shinjuku Dorobô Nikki
- Nagisa Ôshima, Japon 1969 ⁄ Tadanori Yokoo, Rie Yokoyama, Kei Satô ⁄ NB + couleur ⁄ 96' ⁄ ST: EN
Un voleur de livres nommé Birdie est attrapé par la vendeuse Umeko. Il s'ensuit un film chaotique qui tire parti de la révolution sexuelle, des mouvements étudiants radicaux et de l'agitation sociale dans le Japon de la fin des années 1960.
Mardi 24.09 21:30 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
Boy
Shônen
- Nagisa Ôshima, Japon 1969 ⁄ Fumio Watanabe, Akiko Koyama, Tetsuo Abe ⁄ couleur ⁄ 97' ⁄ ST: EN
Un gamin dressé à feindre des accidents pour escroquer les automobilistes. Par un Ôshima tendrement cruel, un portrait de gosse, sur fond d'errances, de solitude et de mensonges.
Dimanche 29.09 21:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
The Ceremony
Gishiki
- Nagisa Ôshima, Japon 1971 ⁄ Kenzô Kawarasaki, Atsuko Kaku, Atsuo Nakamura ⁄ couleur ⁄ 121' ⁄ ST: NL
Ponctuée par des cérémoniaux de noces ou de funérailles, la désintégration lente d'une famille japonaise, en un labyrinthe de retours en arrière vécus et oniriques.
Mercredi 02.10 21:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
L’Empire des sens
Ai no korîda
- Nagisa Ôshima, Japon, France 1976 ⁄ Tatsuya Fuji, Eiko Matsuda, Aoi Nakajima ⁄ couleur ⁄ 110' ⁄ ST: FR
Un vertigineux hymne à la sensualité et au délire charnel, conjuguant rituels érotiques et pulsion de mort, en un poème d'images défendu bec et ongles par Jacques Ledoux et son Prix de l’Âge d'Or, contre les tartuffes belges.
Vendredi 04.10 21:30 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
L’Empire de la passion
Empire of Passion
Ai no bôrei
- Nagisa Ôshima, Japon, France 1978 ⁄ Tatsuya Fuji, Kazuko Yoshiyuki, Takahiro Tamura ⁄ couleur ⁄ 104' ⁄ ST: FR - NL
Réalisée à la suite du superbe et scandaleux Empire des sens, une variation inspirée sur le thème du fantôme cher au cinéma fantastique japonais. L'érotisme et l'amour fou se voient rejoints par la peur dans une étreinte marquante, remarquablement mise en images par un cinéaste totalement accompli.
Dimanche 06.10 19:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
Furyo
Merry Christmas, Mr. Lawrence
- Nagisa Ôshima, UK 1982 ⁄ David Bowie, Tom Conti, Ryuichi Sakamoto ⁄ couleur ⁄ 122' ⁄ ST: FR - NL
David Bowie, en prisonnier anglais faisant face aux cruautés (et à la passion inavouée) de son geôlier nippon. Une dérision du patriotisme dévoyé, d'une férocité sèche à la Oshima.
Mardi 08.10 19:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
Max My Love
Max mon amour
- Nagisa Ôshima, France, USA 1986 ⁄ Charlotte Rampling, Anthony Higgins, Victoria Abril ⁄ couleur ⁄ 97' ⁄ ST: NL - FR
Un mari complaisant, cocufié par un chimpanzé aimé de son épouse. L'un des rares scénarios abordant de front et sur le mode de la dérision le sujet tabou de la zoophilie.
Vendredi 11.10 19:00 LEDOUX Cart
Nagisa Ôshima
Tabou
Gohatto
- Nagisa Ôshima, Japon, France, UK 1999 ⁄ Takeshi Kitano, Ryûhei Matsuda, Shinji Takeda ⁄ couleur ⁄ 101' ⁄ ST: FR - NL
Dans le Japon du 19e siècle, à Kyoto, une milice cherche à embaucher des nouvelles recrues. Chaque candidat doit affronter en duel un des plus redoutables manieurs de sabre. Deux jeunes hommes sortent du lot. Pour son dernier film, Ôshima livre sa version du « film de samouraï », qu’il transcende par une mise en scène de toute beauté et l’approche d’un sujet peu ou même jamais traité par le genre : les relations homosexuelles qu’entretenaient parfois ces guerriers du Japon féodal.