Afterimage: For a New Cinema
Suivant l’exemple de la publication The Afterimage Reader (The Visible Press, 2022) et en collaboration avec Courtisane, nous vous proposons, vu l’écho que trouve le contenu de la revue britannique Afterimage (1970-1987) dans les collections de CINEMATEK, une douzaine de séances redonnant vie à l’histoire de ce périodique. Chacune est en rapport avec un des numéros de la revue et a été composée, comme l’exposition d’archives qui accompagne le programme, par Mark Webber, éditeur du récent volume, et Simon Field, rédacteur en chef d’Afterimage sur toute sa durée. Nous aurons le plaisir de les recevoir ainsi que d’autres collaborateurs de la revue, pour présenter des séances.

La revue britannique Afterimage (1970-1987) a vu le jour il y a plus de 50 ans, dans une époque très différente de la nôtre. Elle fut un terreau fertile pour les nombreuses innovations d’un certain cinéma radical et international et pour les divers manifestes qui les ont accompagnées. Parues de manière irrégulière, les 13 éditions d’Afterimage, toutes consacrées à un thème particulier ou à un cinéaste, ont pour constante une position partisane, dévouée à l’avant-garde et à un cinéma hors norme, sur le plan tant esthétique que politique. Les premières éditions soutenaient un cinéma politiquement engagé, incarné par le Godard de la période du Groupe Dziga Vertov et par les films de Straub et Huillet. Lors de la création de la revue, les exemples d’un cinéma engagé donnés par les cinéastes latino-américains qui émergèrent sous l’influence du manifeste « Pour un cinéma imparfait » de Julio García Espinosa, furent tout aussi importants.
« Rien de ce qui fut politiquement et esthétiquement révolutionnaire dans la sphère des images en mouvement ne resta étranger à Afterimage, l’une de ces précieuses revues où souffle le grand vent de l’histoire, l’une de ces rares revues qui a fait l’histoire. »
— Nicole Brenez
La deuxième publication de la revue a été spécifiquement programmée pour paraître conjointement à l’ouverture de la première édition (organisée à Londres en septembre 1970) de l’International Underground Film Festival. Cet événement s’inscrivait dans la continuité des légendaires festivals EXPRMNTL de Knokke-le-Zoute. En écho au festival, la revue célébrait le cinéma « underground », et particulièrement le New American Cinema, au travers des films de Michael Snow, Paul Sharits, et Hollis Frampton. Elle proposait également un débat autour des questions concernant le cinéma expérimental contemporain, tout en se penchant sur les relations entre deux traditions distinctes dans le cinéma d’avant-garde, synthétisées par Peter Wollen dans un essai intitulé The two avant-gardes. Tout en suivant au plus près les nouvelles directions prises par le cinéma, Afterimage s’est focalisée au cours des années suivantes sur le cinéma indépendant anglais et ses figures les plus excentrique, tout en se penchant sur des œuvres innovantes dans le cinéma narratif, comme celles d’Yvonne Rainer et de Raúl Ruiz, le « cas difficile » de Derek Jarman, ou encore les fantastiques animations de Jan Švankmajer et des Frères Quay.

Tout au long de son existence, After-image s’est attachée à publier des textes, essais, scénarios et interviews de figures contemporaines, mais aussi historiques du cinéma d’avant-garde, comme Vertov ou Epstein. À noter également, le design de la revue – inspiré des numéros de Film Culture mise en forme par George Maciunas – dont les choix esthétiques seront visibles dans les vitrines de CINEMATEK pendant toute la durée du mois de juin.
Séances et exposition programmées par Mark Webber et Simon Field.
En collaboration avec


Dimanche 11.06 21:15 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 4 1972 For a New Cinema
La quatrième édition d'Afterimage donne la part belle à Hollis Frampton au travers d'une des rares interviews données par le cinéaste (reprise dans The Afterimage Reader). Il aborde pour l'occasion les tenants et aboutissants de son chef-d'oeuvre Zorns Lemma, ainsi que la série de films intitulée Hapax Legomena, projet en constante évolution, dont cette séance reprend quatre parties. (nostalgia), une autobiographie racontée au travers de photographies qui, consumées par le feu, se détruisent sous notre regard ; Critical Mass, qui explore les rapports images-sons à partir d'une simple querelle de couple ; Poetic Justice, une approche provocatrice du médium Cinéma au travers d'un scénario donné à lire au spectateur ; et Special Effects qui, de manière ludique, expérimente les possibilités de langage sur la base de la plus petite unité du cinéma : le photogramme.
Contrairement a annoncé, les films Poetic Justice (Hollis Frampton, USA, 1972, 31') et Special Effects (Hollis Frampton, 1972, 10') seront remplacé par Zorns Lemma (Hollis Frampton, 1970, 60').

Lundi 12.06 19:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 5 1974 Aesthetics/Ideology/Cinema
Gertrud
- NB ⁄ 118' ⁄ ST: FR - NL ⁄ Carl Theodor Dreyer, Danemark 1964 ⁄ Nina Pens Rode, Baard Owe, Bendt Rothe
Propositions, l'essai polémique et controversé de Noël Burch et de Jorge Dana, est le principal sujet de la 5e édition de la revue. Un texte qui propose de catégoriser les films en fonction du rapport de l'œuvre d'un auteur au regard des codes dominants du cinéma. Gertrud de Dreyer est un des exemples les plus flagrants du refus total des codes en question. S'articulant sur des longs plans-séquences, un jeu d'acteur théâtral dans lequel Nina Pens Rode excelle, Gertrud est sans doute le plus grand – et le moins montré – des films de Carl T. Dreyer.

Vendredi 16.06 21:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 6 1976 Perspectives on English Independent Film
Essayistes spécialisés dans le cinéma d'avant-garde, Laura Mulvey et Peter Wollen prennent la caméra le temps d'un film pour donner leur version d'un « contre-cinéma ». Inspiré par Heinrich von Kleist, suivant les exemples de Godard et Yvonne Rainer, Penthesilea est un film structuré en cinq chapitres de durée égale, chacun s’articulant autour de différents medias : une version en mime de la pièce de Kleist, un texte récité, la représentation des Amazones au travers de différentes formes d'art, le cinéma muet et le féminisme et, en guise de fin, une réflexion sur la télé et la vidéo.

Samedi 17.06 17:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 13 1987 Animating the Fantastic
La dernière édition d'Afterimage est consacrée à une tradition du cinéma ancrée dans le surréalisme et le fantastique, qui a développé les possibilités infinies qu'offre le cinéma d'animation pour créer du merveilleux ou de l'étrange. Maître du genre, Jan Švankmajer, surréaliste tchèque, est l'auteur de petits chefs-d'œuvre teintés d'humour noir qui impressionnent par leur inventivité et leur originalité. Dans Street of Crocodiles, les Frères Quay lui rendent hommage, sans se départir de leur propre univers et leur remarquable capacité à créer l'Étrange.

Dimanche 18.06 15:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Anthologie du cinéma muet
Afterimage No. 12 1985 Derek Jarman - Of Angels and Apocalypse
Derek Jarman est une figure emblématique de la nouvelle voie empruntée dans les années 1970 par le cinéma indépendant britannique : un cinéma Gay, sensuel ou parfois radicalement théâtral. Tirant tout parti de la texture du Super-8, Imagining October est à la fois une méditation visuelle, tournée lors d'un voyage à Moscou (et une visite de l'appartement d'Eisenstein), et une dénonciation enflammée de la Grande-Bretagne façonnée par Thatcher. Redécouverte quelque 50 ans après sa réalisation, Borderline est une fiction expérimentale qui dépeint les émotions de personnages impliqués dans un triangle interracial, tout en faisant allusion à l'homosexualité latente qui les relie.

Dimanche 18.06 21:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 11 1982/83 Sighting Snow La Région centrale
- couleur ⁄ 190' ⁄ ST: — ⁄ Michael Snow, Canada 1970 ⁄
A l'occasion d'une rétrospective des films de Michael Snow, accompagnée d'une exposition regroupant plusieurs installations de l'artiste, Afterimage consacra une édition entière à celui que les éditeurs de la revue considéraient comme essentiel au regard de ses expériences cinématographiques sur les rapports entre temps et espace. La région centrale est une des oeuvres majeures de Snow, dont le sujet on ne peut plus minimal (un paysage) est filmé à l'aide d'un bras articulé qui permet à la caméra d'adopter une infinité de mouvements plus ou moins aléatoires. Au final, un bouleversement total de toutes les normes de la vision, pour une fascinante expérience cinématographique, sans pareille dans l'Histoire du cinéma.Séance présentée en Anglais par Nicky Hamlyn

Lundi 19.06 19:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 10 1981 Myths of Total Cinema
Deux films majeurs dans les filmographies respectives de deux cinéastes uniques par leur créativité : Le Tempestaire, dernier film de Jean Epstein, est un puissant poème à la gloire de l'océan déchaîné. L'Hypothèse du tableau volé de Raúl Ruiz fut décrit par Ian Christie comme « film unique en son genre, une interprétation de quelques tableaux d'un peintre oublié, qui se transforme petit à petit en visite guidée d'une fantastique galerie d' « images vivantes ». A partir d'une série de plans envoûtants, Raúl Ruiz explore les rapports entre mots et images qui font Cinéma. »

Mercredi 21.06 21:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 7 1978 Hearing:Seeing Kristina Talking Pictures
- NB ⁄ 150' ⁄ ST: EN ⁄ Yvonne Rainer, USA 1976 ⁄ Bert Barr, Frances Barth, James Barth
Forte d'une solide réputation en tant que chorégraphe, Yvonne Rainer délaisse la danse pour se tourner vers le cinéma et réaliser quelques longs métrages de fiction remarquables par leur inventivité, formelle ou dramaturgique. L'histoire d'un dompteur de lions qui quitte Budapest pour New York avec l'espoir d'une carrière de danseur, n'est ni plus ni moins qu'un simple dispositif sur lequel s'appuie un collage d'images qui décompose la structure filmique, tout en soulevant des questions liées à la représentation, la cohérence et la notion de vérité.Séance présentée en Anglais par Mark Webber

Jeudi 22.06 21:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 8/9 1981 Beginning … and Beginning Again
Une compilation de courts métrages britanniques, dans lesquels les auteurs transforment une apparente simplicité ou une idée primitive assumée en expériences visuelles d'une grande richesse. Guy Sherwin utilise la durée prédéterminée par la bobine de 30 mètres de pellicule 16mm, soit 3 minutes, pour enregistrer des scènes de son quotidien, au départ desquelles il créée un discours poétique entre thème et variations. Dessinant et peignant des formes géométriques à même la pellicule, Steve Farrer est l'auteur de nombreux films abstraits dans lesquels les sons agissent en résonance avec les multiples formes visuelles. La même symbiose entre son et image se retrouve dans Light Music de Lis Rhodes, oeuvre majeure de l'Expanded cinema pour deux projecteurs, qui invite le spectateur à se mouvoir dans l'espace pour rompre avec la tradition de la projection frontale.

Mardi 06.06 19:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 1 1970 Film and Politics
Le manifeste sous influence maoïste intitulé Que faire ? (What is to be done?), fut rédigé par Godard spécifiquement pour la première édition d'Afterimage juste après la production de British Sounds, qu'il réalisa en Angleterre sous la bannière du Groupe Dziga Vertov. Un film en écho au manifeste, qui mêle intertitres politico-chocs typiques des Ciné-tracts, bandes sonores superposées, chansons des Beatles revues par des étudiants, témoignages d'ouvriers, le tout précédé d'une introduction aussi assourdissante qu'atypiquement longue.

Mercredi 07.06 19:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 2 1970 Avant-Garde Film
Réalisés par trois figures incontournables du New American Cinema, une compilation de courts métrages aux antipodes les uns des autres, qui firent forte impression sur les éditeurs d'Afterimage. Un ciné-poème de Stan Brakhage, remarquable par le montage complexe de found footage ; Mario Montez, Drag Queen superstar de l'underground, incarnant Hedy Lamarr, célèbre actrice arrêtée pour vol à l'étalage, dans un délirant Camp movie filmé par Warhol à la Factory ; et enfin, T,O,U,C,H,I,N,G, chef-d'œuvre du cinéma structurel signé Paul Sharits.

Samedi 10.06 17:00 LEDOUX Cart
Afterimage: For a New Cinema
Afterimage No. 3 1971 Third World Cinema L’Heure des brasiers: néocolonialisme et violence
La hora de los hornos
- NB ⁄ 89' ⁄ ST: FR ⁄ Fernando Ezequiel Solanas, Octavio Getino, Argentinië-Argentine 1968 ⁄
Le Tiers Cinéma est un manifeste rédigé par Getino et Solanas pour la défense d'un nouveau cinéma militant émergeant en Amérique Latine, à coups de films à petit budget distribués dans l'esprit guérilla. Tourné en 16mm sans son synchrone, La Hora de Los Hornos est un monument de ce Tiers Cinéma, de par son ton polémique, partisan et agitateur. Un film-essai qui associe séquences documentaires (piratées pour la plupart), intertitres, témoignages et voix-off, pour évoquer la situation politique de l'Argentine en dénonçant les inégalités sociales, la violence et le néo-colonialisme, par le prisme des idées révolutionnaires du péronisme.