60 ans de cinéma Algérien
À l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, nous célébrons les 60 ans d’une des histoires les plus passionnantes du cinéma mondial.
C’est pendant la guerre d’Algérie que le cinéma algérien naît, avec les films tournés dans le maquis en réponse aux images officielles par Djamel Chanderli, Mohammed Lakhdar-Hamina ou René Vautier. Ce premier geste sera déterminant pour son histoire. Dès l’indépendance, Le Centre Audiovisuel d’Alger est créé avec René Vautier, pour former des cinéastes algériens à raconter cette histoire. Dès ses premières années, ce cinéma né militant devient étatique, les images de cette guerre dure et violente venant célébrer la libération récente du joug colonial. Alger devient la plaque tournante des coproductions internationales et engagées dans la décolonisation des pays du Sud. Le pays compte alors des techniciens hors-pairs formés à Moscou, Paris ou Bruxelles. Une maison de production telle que Casbah films voit le jour et produit les films La Bataille d’Alger ou Les Mains libres, réalisés par des Italiens. En 1965, la Cinémathèque d’Alger, une des plus célèbres, est créée et accueille des réalisateurs tels Joseph Von Sternberg, Joseph Losey, Nicholas Ray ou William Klein qui tourne en 1969 les images d’un rassemblement culturel sans précédent, le Festival Panafricain d’Alger.
La guerre continue à être le sujet central pour les cinéastes de la première décennie de l’indépendance, encouragés par le jeune État « engagé », comme Ahmed Lallem (Elles), Ahmed Rachedi, Mohamed Bouamari … Chronique des années de braises marque un tournant décisif en étant le premier film illustrant une histoire plus ancienne que l’indépendance, couronné par la Palme d’or à Cannes en 1975.
Grâce à Omar Gatlato, Tahia ya didou ! (Alger insolite !), le cinéma algérien prend pour la première fois comme sujet le quotidien, tendance qui se confirme dans les années 1980 avec des films comme Histoire d’une rencontre de Brahim Tsaki qui étudia à l’IAD. Le réalisateur belgo-algérien Kamal Dehane dont nous montrons Kateb Yacine, l’amour et la révolution est passé lui par l’INSAS. L’écrivaine Assia Djebar réalise deux superbes films, dont La Nouba des femmes du mont Chenoua. La situation des femmes est aussi épinglée dans La Citadelle (El Kalaa) de Mohamed Chouikh, réalisé peu de temps avant les émeutes de 1988 qui marquent le début d’une guerre civile sanglante, la montée de l’intégrisme et l’abandon du cinéma par l’état pour la décennie qui suit.
Pendant cette période, la Cinémathèque d’Alger reste le seul lieu du pays où l’on peut encore voir des films. Plusieurs artistes et personnalités importantes du monde culturel sont la cible d’attentats terroristes. Peu de films sont réalisés. C’est dans ce contexte de désinvestissement de l’État, qu’en Kabylie, terre de résistance, le cinéma algérien renaît de ses cendres avec des films comme La Fin des Djinns de Cherif Aggoune ou La Montagne de Baya d’Azzedine Meddour.
Il faut attendre 2002 pour qu’un film comme Rachida de Yamina Bachir-Chouikh revienne sur cette ‘décennie noire’ et amorce une renaissance du cinéma en Algérie qui s’enrichit de l’apport de la diaspora (Rabah Ameur-Zaïmèche, Lyes Salem, Neïl Beloufa, Tariq Tegüia…). Des deux dernières décennies, pointons le dynamisme qui ressort en particulier, mais pas exclusivement, du monde du documentaire de création. Des films comme Atlal de Djamel Kerkar, Jusqu’à la fin des temps de Yasmina Chouikh, Papicha de Mounia Meddour, Nar de Meriem Achour Bouakkaz ou À Mansourah tu nous as séparé de Dorothée Myriam-Kellou sont sélectionnés dans les festivals internationaux. À travers cette riche histoire d’un cinéma aux prises avec un réel souvent violent, le regard des cinéastes algériennes offre souvent une vision plus sensible, engageant un avenir différent. Il est d’ailleurs à noter une présence absolument remarquable d’une forte composante féminine au sein du cinéma de la plus jeune génération ; de quoi donner envie à pas mal de cinémas des pays occidentaux.
Plus d’infos sur le cinéma Algérien via le Dossier « Autour des 60 ans du cinéma algérien » >
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Jeudi 08.12 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Héliopolis
- Djaffar Gacem, Algeria 2021 ⁄ Aziz Boukrouni, Mehdi Ramdani, Souhila Mallem ⁄ color ⁄ 116' ⁄ ST-OND: FR
Premier film de fiction consacré aux massacres du 8 mai 1945. À Sétif, des Algériens, certains de retour du front, manifestent leur joie comme partout ailleurs et réclament la liberté. Une répression féroce fit 45.000 victimes.

Samedi 10.12 21:15 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
La Bataille d'Alger
The Battle of Algiers
La battaglia di Algeri
- Gillo Pontecorvo, Italy, Algeria 1966 ⁄ Brahim Hadjadj, Jean Martin, Yacef Saadi ⁄ black and white ⁄ 121' ⁄ ST-OND: EN
Le nettoyage d'Alger en 1959, par les paras du colonel Matthieu (en réalité le général Massu), des réseaux F.L.N. Le dernier sursaut d'un colonialisme bientôt défait, reconstitué à travers une magistrale mise en scène empruntant ses images au cinéma d'actualité.

Mardi 13.12 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
J’ai huit ans + Algérie année zéro + Elles
Récoltant les témoignages d’enfants, du front, et de lycéennes, des cinéastes s’engagent contre la guerre et pour la libération. Leurs films furent interdits d’écran.

Samedi 17.12 19:15 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Bientôt dans cette salle
Omar Gatlato
- Merzak Allouache, Algeria 1977 ⁄ Boualem Benani, Aziz Degga, Farida Guenaneche ⁄ color ⁄ 90' ⁄ ST-OND: FR-NL
Comédie et premier film de Merzak Allouache (Salut Cousin, Bab El Oued City,…). Portrait d’une jeunesse algérienne aliénée où la culture macho traduit une incapacité à communiquer. Omar, passionné de la musique hindoue et chaâbi qu’il enregistre dans les cinémas de la ville, découvre un jour une cassette avec la voix d’une femme, qu’il veut rencontrer.

Mardi 20.12 21:15 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Alger insolite !
Tahia ya didou!
- Mohamed Zinet, Algeria 1971 ⁄ Georges Arnaud, Himoud Brahimi, Suzie Nacer ⁄ color ⁄ 76' ⁄ ST-OND: FR
Cette commande de film touristique détournée est le seul film du comédien Mohamed Zinet. Un portrait de la ville d’Alger est rythmé par des rencontres étonnantes. Interdit à sa sortie, ce film inclassable devient culte lorsqu’il est restauré et redécouvert en 2016.

Samedi 24.12 21:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Kateb Yacine, l'amour et la révolution
- Kamal Dehane, Belgium 1989 ⁄ color ⁄ 60' ⁄ ST-OND: FR
Guerre d’Algérie, militantisme révolutionnaire, exil en Europe: l’un des écrivains majeurs du Maghreb commente son cheminement intellectuel, en une langue somptueuse.

Mardi 27.12 18:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Ahdat sanawat el jamr
Chronique des années de braise
- Mohammed Lakhdar-hamina, Algeria 1975 ⁄ Yorgo Voyagis, Mohammed Lakhdar-hamina, Leila Shenna ⁄ color ⁄ 177' ⁄ ST-OND: FR - NL
Quinze années d'histoire algérienne, de la colonisation à la révolte de 1954 - vues à partir d'une famille spoliée. Une fresque politico-épique aux images fulgurantes, couronnée à Cannes en 1975.

Samedi 31.12 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Tronc de figuier
Les Mains libres
- Ennio Lorenzini, Algeria 1964 ⁄ color ⁄ 53' ⁄ ST-OND: EN
Avant Gillo Pontecorvo et également pour Casbah Films, Ennio Lorenzini dresse en parcourant l’Algérie, ce portrait du pays libéré. La joie et les discussions y sont centrales. Un document d’une rare beauté, rendu à nouveau visible après 57 ans d’absence.

Mardi 03.01 21:30 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Nahla
- Farouk Beloufa, Algeria 1979 ⁄ Yasmine Khlat, Youssef Saiah, Lina Tebbara ⁄ color ⁄ 111' ⁄ ST-OND: FR
Un jeune photographe algérien part à Beyrouth pour documenter la guerre civile. Il y rencontre trois destins de femmes, dont Nahla, la chanteuse. Un film-clé dans l’histoire du cinéma algérien par son tournage au Liban et la virtuosité de sa réalisation.

Samedi 07.01 21:15 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
The Nubah of the Women of Mount Chenoua
La Nouba des femmes du mont Chenoua
- Assia Djebar, Algeria 1977 ⁄ Zohra Sahraoui, Aïcha Medeljar, Fatma Serhan ⁄ ⁄ 155' ⁄ ST-OND: EN
En suivant une femme qui retourne sur les lieux de son enfance après 15 ans d’absence en ville, l’autrice Assia Djebar donne la voix à ces femmes dont la parole fut tuée par le colonialisme et la décolonisation. Ce film, primé à Venise en 1979, fut rejeté à sa sortie à Alger, car trop personnel.
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Mardi 10.01 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Histoire d’une rencontre
Hikayet Lika
- Brahim Tsaki, Algeria, France 1983 ⁄ Mohamed Arbouz, Boumediene Belasri, Carine Mattys ⁄ color ⁄ 80' ⁄ ST-OND: FR
Grand prix au FESPACO en 1985, Histoire d’une rencontre de Brahim Tsaki, est une histoire d’amitié entre deux enfants sourds, au-delà des barrières culturelles qui les séparent.

Mardi 17.01 21:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
La Citadelle
El kalaa
- Mohamed Chouikh, Algeria 1988 ⁄ Djillali Ain-Tedeles, Yamina Bachir, Mohamed Baki ⁄ color ⁄ 97' ⁄ ST-OND: FR-NL
Les aventures amoureuses de Kaddour, jeune homme un peu demeuré, pour la chronique de deux sociétés d'un village du Sud oranais : celle des hommes et celle des femmes. Une tragédie ironico-truculente autour du machisme.

Samedi 21.01 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Festival Panafricain d’Alger
- William Klein, France, West Germany, Algeria 1969 ⁄ Nina Simone, Archie Shepp, Miriam Makeba ⁄ color ⁄ 110' ⁄ ST-OND: FR
Grand rassemblement festif des peuples en lutte contre le joug colonial organisé par l’Algérie, témoin des années où les mouvements révolutionnaires du monde entier convergeaient vers Alger. Le photographe et artiste William Klein, qui nous a quitté en septembre 2022, filme ce moment exceptionnel.

Mardi 24.01 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
La Montagne de Baya
- Azzedine Meddour, Algeria, France 1997 ⁄ Djamila Amzal, Abderrhamane Debiane, Ali Ighil Ali ⁄ color ⁄ 116' ⁄ ST-OND: FR
Lors de la conquête de la Kabylie par les Français, une femme, Baya incarne le combat pour le respect des coutumes. Réalisé en 1996, 14 membres de l’équipe trouvèrent la mort lors du tournage. Un des films phares du cinéma kabyle ou amazigh.

Samedi 28.01 21:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Rachida
- Yamina Bachir-Chouikh, Algeria, France 2002 ⁄ Ibtissem Djouadi, Bahia Rachedi, Rachida Messaoudène ⁄ color ⁄ 99' ⁄ ST-OND: FR-NL
Une enseignante algérienne, face à de jeunes élèves terroristes, embrigadés dans la violence et le crime au nom d'un Islam dévoyé. Un témoignage choquant et courageux, sans concession ni pathos. Le film de la renaissance du cinéma algérien après la ‘décennie noire’.

Mardi 31.01 21:00 ledoux|upper Cart
Documentaire confrontant des images VHS filmées en 1998 à Ouled Allal, théâtre d'opération contre les hordes terroristes durant les années nonantes et d'autres filmées là-bas, aujourd'hui. À travers les personnes rencontrées le film témoigne du passé douloureux et de la frustration de la jeunesse actuelle.

Samedi 04.02 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
La Parade de Taos + Nar
Dans ce documentaire, la réalisatrice Meriem Achour Bouakkaz revient sur le geste hautement violent qu’est l’auto-immolation, pratique exercée par les jeunes. Précédé d’un court quasiment muet de Nazim Djemaï, cinéaste considéré comme le plus talentueux de sa génération et trop tôt disparu.

Mardi 07.02 19:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Papicha
- Mounia Meddour, France, Algeria 2019 ⁄ Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda Douaouda ⁄ color ⁄ 108' ⁄ ST-OND: FR-NL
Les « Papichas », ou jeunes et jolies filles algériennes sont friandes des vêtements que Nedjma, étudiante de la cité universitaire, vient leur vendre en discothèque en faisant le mur. Bravant les interdits des années 1990, elle décide d’organiser un défilé de mode. César du meilleur premier film en 2020.

Samedi 11.02 21:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Taggara n Lejnun / La Fin des Djinns + À Mansourah tu nous as séparés
La migration des deux millions de personnes déplacées et internées dans des camps pendant la Guerre d’Algérie racontée par la réalisatrice, qui accompagne son père à Mansourah, son village natal. Il confronte les jeunes à cette histoire tenue sous silence, début de l’exode rural. Précédé de Taggara n Legnun, chronique d’un petit village de Kabylie à travers le regard d’un enfant de six ans.

Mardi 14.02 21:00 ledoux|upper Cart
60 ans de cinéma Algérien
Jusqu'à la fin des temps
- Yasmine Chouikh, Algeria 2017 ⁄ Djillali Boudjemaa, Djamila Arres, Mohamed Takiret ⁄ color ⁄ 94' ⁄ ST-OND: FR
Dans cette comédie douce-amère, une veuve venue se recueillir sur la tombe de sa sœur au cimetière de Sidi Boulekbour, rencontre l’amour en la personne du fossoyeur. Un film qui nargue la mort avec humour, par un rassemblement de personnages bons vivants.